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« Les entreprises doivent créer des emplois... ou rendre l'argent du plan de relance » (Boris Plazzi, CGT)

Relations Sociales | publié le : 02.09.2021 | Gilmar Sequeira Martins

Pour la CGT, la rentrée sociale doit se conjuguer avec augmentation des salaires et créations d'emploi. Avec un message adressé aux pouvoirs publics et autres entreprises : les employeurs aidés au titre du plan de relance doivent créer des emplois... ou rendre l'argent.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle ?

Boris Plazzi : La situation actuelle est dans le prolongement de celle existant depuis le début de l'année. Elle a un impact important sur le monde du travail sur deux aspects : l'emploi, en particulier la qualité de l'emploi, et les salaires. Il y a une colère dans le pays. Nous devons l'organiser, d'où la journée d'action prévue le 5 octobre. Elle servira à demander des comptes sur deux points essentiels. Il y a un problème récurrent de sous-emploi. Les entreprises ne recrutent pas et pas assez en CDI. Il y a actuellement 6 millions de personnes au chômage dont 3,5 millions ne sont pas indemnisées. Ce n'est pas humainement viable. Les plus grandes entreprises ont un devoir d'exemplarité. Elles sont abreuvées de fonds publics avec le plan de relance à 100 milliards, elles doivent créer plus d'emplois stables. Elles ont une obligation de résultat. Dans le cas contraire, elles devront rendre l'argent. Nous proposons de réduire la durée hebdomadaire du temps de travail à 32h pour travailler moins, mieux, et travailler tous.

Que demandez-vous au Gouvernement ?

B. P. : Avec la crise sanitaire, des millions de travailleurs se sont retrouvés en chômage partiel avec une baisse de 16 % de leur salaire durant des mois. Le Gouvernement pourrait déjà augmenter le Smic, aujourd'hui perçu par deux millions de personnes et bien plus si on compte le halo qui entoure ce niveau de rémunération. La dernière augmentation du Smic avec « coup de pouce » remonte à 2012. Le baromètre d'opinion de la Drees (direction de la recherche, des études de l'évaluation et des statistiques) a estimé qu'il fallait un salaire de 1.760 euros pour vivre décemment. C'est d'autant plus nécessaire que les salaires faibles concernent surtout les salariés de la « deuxième ligne ». Le niveau actuel du Smic ne couvre pas les besoins des salariés qui le perçoivent. Pour la rentrée, le Gouvernement pourrait augmenter le Smic, ce qui créerait une dynamique de croissance autour des salaires.

Quelle est votre position sur la réforme des retraites ?

B. P. : La réforme des retraites est marquée du sceau du libéralisme. Elle vise à faire payer aux travailleurs le coût d'une crise dont ils ne sont pas responsables. Que la réforme soit systémique ou paramétrique, elle signifie un affaissement des droits des retraités d'aujourd'hui et de demain. La réforme de l'assurance-chômage n'est pas non plus une solution pour créer de l'emploi puisque la majorité des demandeurs d'emploi ne touchent aucune indemnité.

Comment sortir de la crise sanitaire ?

B. P. : Il faut une autre répartition des richesses pour avoir plus d'emploi et d'investissement, dans la R&D et la formation en particulier. Beaucoup de gens disent qu'il n'y a pas d'argent, que c'est la crise. Dans les entreprises, les discours portent toujours le même message : il faut travailler plus et parfois l'entreprise veut signer un accord de compétitivité. Ceux qui disent qu'il n'y a pas d'argent se trompent. Les résultats du CAC40 sont au beau fixe. Sur le premier semestre 2021, les bénéfices ont atteint 57 milliards, soit une augmentation de 30 % par rapport à 2019. Tout cet argent est le fruit du travail des salariés. Il faut qu'il cesse d'être soumis à une captation qui empêche la progression des salaires et de l'investissement.

Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins