Olivier Lefebvre, DSC FO de PSA, souligne la nécessité de la fusion de PSA avec FCA (Fiat Chrysler), tout en restant vigilant sur les emplois liés à la R&D ainsi qu'aux achats, identifiés comme sources de synergies évaluées à 3,7 milliards d'euros.
Approuvez-vous l’accord de fusion entre PSA et Fiat Chrysler ?
Olivier Lefebvre : Oui, nous avons donné un avis favorable en CSE. Nous estimons cette fusion nécessaire. Il y a un point critique à atteindre en matière de véhicules à produire pour dégager le volume d’investissements qui seront nécessaires. Il y a d’un côté des normes de plus en plus contraignantes, avec certaines villes qui veulent même interdire les véhicules thermiques, et puis l’évolution du parc automobile, qui s’engage dans une décroissance. La filière va évoluer et cela demande de forts investissements. Le groupe a envisagé ces évolutions et a commencé à investir, en particulier dans les systèmes de dépollution. Le problème actuel, c’est la vitesse d’application des normes, de plus en plus rapide, peut-être trop.
Le rapprochement des deux groupes menace-t-il l’emploi ?
O. L. : Les deux groupes produisent actuellement 8 millions de voitures. Des optimisations de charges sont envisageables, tous les industriels le font et Carlos Tavares a procédé à une rationalisation de PSA depuis son arrivée à la tête du groupe, mais l’accord de convergence n’est pas basé sur la fermeture de sites. Cela nous a aussi été signifié lors d’un CSE. Nous avons cet engagement-là. Nous savons aussi que l’accord prévoit 3,7 milliards d’économies grâce à des synergies sur les achats et la R&D. Nous voulons donc rester actifs sur l’aspect social afin de maintenir l’emploi en France. Nous avons des sites rationalisés et performants sur le plan industriel. Des investissements massifs ont été faits sur les sites français ces dernières années. Nous serons plus attentifs en ce qui concerne la R&D et les achats. Nous veillerons en particulier à ce qu’il n’y ait pas de déplacement de compétences. Il y a aujourd’hui quatre sites de R&D : Vélizy, Carrières-sous-Poissy, Poissy et Sochaux, soit un peu plus de 10.000 personnes.
La mutualisation des plates-formes ne va-t-elle pas modifier les besoins en R&D ?
O. L. : Il peut y avoir une forme de mutualisation, mais l’automobile doit faire face à de nouveaux enjeux avec de nombreuses mutations technologiques. L’automobile est en train de passer du thermique à l'hybride et à l’électrique, voire demain à l’hydrogène. Sans oublier les technologies d’aide à la conduite, qui sont aussi en train d’évoluer. Il va falloir beaucoup de R&D pour en faire des produits grand public rentables. Chez PSA, il n’y a jamais eu de licenciements secs grâce aux plans de gestion de l’emploi et les mesures d’accompagnement. Aucun accord de compétitivité n’a été évoqué, mais si cela devait être le cas, nous entrerons dans la négociation. Le point important est de construire un projet social et de préserver le dialogue social, qui est aussi une source de réussite, au même titre que les réflexions du conseil d’administration.
Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins