Interview de Jérôme Leparoux, DRH du groupe Daher.
Comment expliquez-vous que l’ensemble des organisations syndicales aient signé l’accord sur les mesures d’accompagnement du PSE ?
Jérôme Leparoux (DRH Daher) : Il y a deux raisons. La première, c’est que depuis plusieurs années déjà, nous avons placé le dialogue social au cœur du fonctionnement de l’entreprise. La confiance entre les partenaires sociaux était établie avant la crise : c’est un élément clef, un véritable atout. Tout comme l’habitude que nous avions d’échanger de manière ouverte et régulière sur des sujets difficiles, comme la compétitivité ou la rentabilité. La seconde raison, c’est que nous avons géré la crise sanitaire dans une très grande proximité avec les organisations syndicales. Cela a créé une dynamique positive de recherche conjointe de solutions, qui a favorisé la négociation du PSE, dans une logique d’intersyndicale. Nous avons su faire face collectivement à une crise économique brutale, profonde et, pour tout dire, sans précédent.
Êtes-vous confiant dans l’adhésion des salariés concernés aux propositions de reclassement ou de transfert ?
J. L. : Nous avons déjà 200 propositions de reclassement interne et trois fois plus de marques d’intérêt. Cela me donne confiance pour la suite. Nous avons d’ailleurs mis en place, dès le début de la négociation, des dispositifs de pré volontariat, demandés également par les organisations syndicales, et nous y avons ajouté une recherche de d’entreprises partenaires qui recrutent dans nos bassins d’emploi. Nous avons aussi proposé aux CSE, dès le démarrage de la procédure, malgré la Covid, une analyse du marché du travail des régions concernées, mise à jour régulièrement, par métier. Cela montre les possibilités réelles de reclassement externes ou de reconversion, et cela incite les gens à se renseigner. Cela leur permet de se projeter.
À quelles conditions un dialogue social de qualité peut-il être maintenu en période de crise aussi particulière ?
J. L. : Nous avons mis en place un dialogue social de proximité, avec des réunions quasi-quotidiennes et de la transparence. Il est très important de maintenir cette fréquence d’échanges et cette écoute. Et bien sûr d’associer en permanence les managers. Nous partageons beaucoup de chiffres, notamment les chiffres du trafic aérien. Cela permet de donner à voir la réalité des choses. Mais l’essentiel, c’est de capitaliser sur les valeurs de l’entreprise, qui ont été mises en lumière par la crise, et qui nous ont servi de boussole. Daher est un entreprise familiale, dans laquelle les relations entre les personnes occupent une place importante. Le respect, le souci de l’autre et des relations sont essentiels.