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Métallurgie : la convention nationale est signée, les négociations territoriales commencent

Dialogue Social | publié le : 08.02.2022 | Benjamin d'Alguerre

L’UIMM et trois syndicats de salariés viennent de conclure, le 7 février 2022, la négociation de la nouvelle convention collective nationale de la métallurgie. Un travail historique selon la ministre du Travail qui revoit de fond en comble les classifications des emplois de la branche et donne le feu vert à de nouvelles négociations territoriales.

C’est un marathon social de cinq ans qui s’est achevé le 7 février au soir. En présence d’Élisabeth Borne, ministre du Travail, l’union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) et trois syndicats de la branche (CFDT, CFE-CGC, FO) ont signé la nouvelle convention collective unique qui remplaçant les 76 conventions qui existaient jusqu’alors pour encadrer les relations sociales des 42 000 entreprises et 1,6 millions de salariés du secteur. Un élagage de premier ordre puisqu’aux 7 000 pages de textes qui avaient fini par s’accumuler depuis 1972, année de signature de la précédente convention succède un document resserré de 231 pages. "Au-delà de l’harmonisation des dispositions conventionnelles sur le champ de l’emploi ou de la protection sociale, il fallait également des recommandations claires sur des sujets nouveaux comme le dialogue social d’entreprise ou la qualité de vie au travail", détaille Stéphane Destugues, secrétaire général de la CFDT métallurgie.

Faire le tri dans les 74 conventions régionales, celles de la sidérurgie et de l’encadrement n’aura pas été de tout repos. Entre les différentes lignes rouges fixées dès le départ par les protagonistes, les coups de poing sur la table, les portes qui claquent et les menaces de renverser la table, les cinq années de négociation n’auront pas été de tout repos. D'autant plus qu’elles se sont tenues en parallèle d’évènements tels que les lois El Khomri, Nuit Debout, la publication des ordonnances Travail ou le mouvement des Gilets jaunes, bref "dans un climat social très dégradé", se souvient Frédéric Homez, patron des métallos FO. Une des organisations négociatrices, la CGT, a d’ailleurs claqué la porte pour ne plus revenir. Même la dernière ligne droite, qui aurait dû aboutir à une signature fin 2021, aura été bien davantage qu’une formalité puisque d’ultimes clarifications auront dû être apportées, repoussant le paraphe final début 2022 et accouchant in fine d’un texte "performant économiquement et socialement", explique Hubert Mongon, délégué général de la métallurgie. Et qui tombe à pic au vu des besoins de la branche en matière de transition technologique et environnementale et de reprise de l’activité post-Covid marquée par un fort besoin en recrutements.

Le chantier des classifications

Le principal chantier auquel les partenaires sociaux ont dû s’atteler durant ces cinq ans fut celui de la refonte complète de la classification des métiers de la branche. "C’était le squelette autour duquel allait s’articuler l’ensemble de la négociation", confie Hubert Mongon. Gros morceau qui aurait pu signer à plusieurs reprises l’échec de la négo, mais autour duquel un consensus a fini par se créer au bout de trois ans de débats. En bout de course, adieu les cadres, ouvriers et techniciens tels qu’ils étaient recensés depuis 1972 et bienvenue à une grille inédite, tenant sur une feuille A4 et répertoriant 18 coefficients notés de A-1 à I-18 établis à partir de six critères classants (contre 4 auparavant). "En ligne de mire, nous avions l’idée d’identifier les emplois réellement exercés par les salariés d’aujourd’hui et de demain de façon transparente et équitable pour ne pas être obligés de revoir les classifications tous les trois ans", ajoute le délégué général de l’UIMM. Intention louable mais qui n’a pas fait l’économie de discussions houleuses en fin de négo sur la reconnaissance des diplômes des salariés par rapport aux compétences acquises pendant le travail par la formation professionnelle et qui aurait pu se conclure par un clash avec, notamment, la CFE-CGC très attachée au statut cadre. La question aura finalement été tranchée par la reconnaissance, dans la rédaction des offres d’emploi, des diplômes initiaux nécessaires pour accéder à certains postes. Les entreprises ont désormais deux ans pour faire rentrer l’intégralité de leurs salariés dans cette nouvelle classification. Travail de titan en perspective. "24 mois, ce sera très court. Les employeurs vont devoir se réapproprier les grilles des emplois dont certains avaient fini par s’affranchir, notamment dans les PME-TPE", reconnaît Gabriel Artero, président de la fédération CFE-CGC de la métallurgie. Lui espère un comportement "loyal" des entreprises et compte sur les 40 plus grands groupes de la branche pour servir d’exemples aux entreprises plus petites.

Autre gain pour les salariés : la mise en place d’un régime de protection sociale de branche commun à l’ensemble des 42 000 entreprises adhérentes dont le principe a mis trois ans à être accepté par certains employeurs… Mais surtout, dès la convention nationale signée, un nouveau travail de négociation débute, mais cette fois dans les territoires. Les chambres territoriales de la métallurgie et les syndicats locaux vont devoir s’asseoir à leur tour à la table des discussions pour négocier des accords autonomes propres à leur territoire. Si l’ossature générale est fixée par la convention du 7 février, des problématiques locales sont à éventuellement revoir d’ici juin 2024. Parmi elles, des questions de 13e mois, de jours de congés particuliers, le montant des paniers-repas quotidiens, de primes diverses (liées à l’ancienneté ou à l’acquisition de médailles du travail… Selon les calculs de la branche, près de 200 000 salariés et 59 territoires sont concernés par ces dispositions particulières. Le travail de ripolinage de la métallurgie n’est pas encore fini.

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre