S’il déplore que les discussions actuelles tournent essentiellement autour du développement du télétravail, Frédéric Guzy, directeur général d’Entreprise&Personnel (E&P), se félicite qu’elles « permettent enfin de parler vraiment du travail ». C’est-à-dire de son organisation, de ses conditions, de la collaboration entre les personnes, du management… et non plus seulement de l’emploi. « Dans une situation de crise, des relations sociales institutionnalisées engagent les organisations syndicales à se prononcer sur les plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) ou le chômage partiel mais le cœur des questions du travail (le partage de la valeur ajoutée, les conditions d’exercice des différents métiers, la formation et la préparation aux compétences de demain) peine à être abordé », analyse-t-il dans la note de conjoncture sociale 2020-2021 du réseau associatif présentée le 26 novembre. Une « incapacité à parler du travail », mise en évidence par la crise. « Le silence des organisations syndicales dans la période du deuxième confinement est assourdissant », souligne le directeur général d’E&P.
En cela, les négociations engagées dans les entreprises sur le télétravail sont, selon lui, révélatrices de la pauvreté du dialogue social en France. Un dialogue social « hyper institutionnel », porté par des organisations syndicales « assez éloignées des préoccupations des salariés ». À cet égard, Frédéric Guzy insiste sur la nécessité de sortir d’un syndicalisme de combat et d’opposition : « Les organisations syndicales doivent changer de posture et devenir des acteurs de l’expression des salariés » afin de retrouver une légitimité auprès d’eux. S’il est essentiel, selon lui, que les syndicats se repositionnent au sein des entreprises pour renouer avec les salariés, ils devront, probablement, prendre aussi en compte l’hétérogénéité des formes de travail et élargir leur représentation au-delà des frontières de l’entreprise, c’est-à-dire, à l’ensemble des travailleurs.