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Dialogue social : l’Ires à la recherche d'un second souffle

Dialogue Social | publié le : 10.05.2022 | Gilmar Sequeira Martins

Sans la diversité des points de vue, point de dialogue social. Ce constat avait conduit en 1982 les pouvoirs publics à créer l’Ires (Institut de recherches économiques et sociales), proche du point de vue des syndicats, dans la foulée de la publication du rapport Lenoir et Prot sur l’état de l’information économique et sociale dont disposaient le grand public à l’époque. C’est cette même démarche qui a conduit à la création de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), dans le domaine universitaire, et à celle de l'Ipecode, intégré depuis dans Rexecode, plus proche du patronat.

Près de quarante ans plus tard, l’Ires a confié à Jean-Paul Guillot, ancien président de "Réalités du dialogue social" (à gauche sur la photo, à côté d'Éric Pérès, président de l'Ires, au centre, et de Frédéric Lerais, directeur, à droite), une mission d’audit afin de cerner son utilité actuelle et de tracer les voies des évolutions nécessaires. Il ressort des éléments et appréciations recueillis auprès des différents acteurs – organisations syndicales, pouvoirs publics, membres d’organismes tels que le Cese – un portrait contrasté. "La mission de l’Ires et bien identifiée mais certains interlocuteurs ne connaissaient pas l’organisme", note Jean-Paul Guillot. S’agissant plus précisément des syndicats, qui financent une partie du budget de l’Ires parallèlement aux pouvoirs publics, leurs représentants soulignent l’utilité des travaux de l’Ires. Ils leur permettent en effet, en nourrissant les processus de démocratie interne, de mieux établir les objectifs de recherche.

Pour autant, souligne le rapport d’audit, "le besoin de développer des travaux statistiques s’exprime aujourd’hui au niveau syndical, pour appréhender les réalités économiques et sociales d’un monde du travail dominé par l’emploi salarié, et dégager ainsi les données de cadrage requises pour construire des positions revendicatives solides". Il ajoute que la description du réel se fait parfois aujourd’hui avec des "modèles économiques sophistiqués" dont les "résultats sont en partie dépendants des hypothèses faites par le modélisateur". Le rapport rappelle que pour éviter les "confusions fréquentes, dans le débat public, entre ces résultats et les faits, la maîtrise des chiffres constitue alors un atout important pour répondre dans une perspective de pluridisciplinarité élargie à l’exigence de rigueur des économistes".

Pour Jean-Paul Guillot, "ce dernier point est d’autant plus important à noter que les travaux quantitatifs sont parfois considérés comme plus rigoureux que les approches qualitatives intégrant des approches pluridisciplinaires". Le rapport note d’ailleurs que "ces approches exclusivement quantitatives sont très présentes dans le débat public et l’influencent de façon orientée". Pour trouver un second souffle, l’Ires doit, selon la mission d’audit menée par Jean-Paul Guillot, pouvoir compter sur une plus forte mobilisation des compétences des organisations syndicales, mais aussi sur une plus grande cohérence de la part des pouvoirs publics. La mise en œuvre d’un dialogue social de qualité ne pourra aboutir que si les organisations syndicales disposent d’une information économique et sociale répondant à leurs besoins, gage d’échanges reflétant les attentes réelles de ceux qu’elles représentent, soit bien au-delà du cercle des syndiqués.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins