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Climat social : l’accalmie va-t-elle durer ?

Relations Sociales | publié le : 04.05.2022 | Gilmar Sequeira Martins

Propice aux promesses qui suscitent des espoirs, la période électorale est-elle un simple pot-au-noir qui fera place, après les élections législatives du 12 et 19 juin, à un climat social plus agité ? Les dernières publications de la Dares favorisent cette hypothèse. Les données disponibles retracent les évolutions du nombre d’entreprises ayant connu des mouvements de grève et du nombre de journées individuelles de grève. Ces deux paramètres connaissent un tassement brutal en 2020, dernière année pour laquelle les données sont disponibles. Le nombre de journées non travaillées pour fait de grève (JINT) pour 1 000 salariés atteint ainsi 67 en 2020, soit une réduction de 58 % par rapport à 2019. Ce brusque coup d’arrêt ne doit pas pour autant masquer la rapide progression de ce paramètre entre 2017 et 2019. En trois ans, le nombre de JINT passe de 71 à 161, soit une progression de 44 % en trois ans à peine. 2019 marque d’ailleurs un franchissement puisque le taux de JINT dépasse le plus haut atteint durant la décennie : en 2016, le nombre de journées individuelles non travaillées avait alors atteint 131. Il faut remonter à 2010 pour avoir un nombre plus important. Cette année-là, les mouvements de grève avaient fait monter à 308 le nombre de JINT pour 1 000 salariés en emploi.

Encore n’est-ce là qu’une moyenne qui cache de très fortes disparités. Le nombre de JINT pour 1 000 salariés le plus élevé est le fait du secteur des transports et de l’entreposage, secteur névralgique d’une société numérique, qui a atteint 448, soit plus de 2,5 fois le taux moyen maximal enregistré en 2019. La Dares note que c'est essentiellement dans l’industrie, l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale privée que se déroulent ces actions de grève. Elle pointe aussi que les arrêts collectifs de travail sont portés dans leur grande majorité par des mouvements interprofessionnels.

Sans surprise, compte tenu de l’évolution économique globale, ces actions de grève sont motivées en premier lieu par les rémunérations (48 %) et les conditions de travail (24 %) qui représentent près des trois quarts des motifs affichés. Avec la hausse de 2,65 % du Smic survenue en mai qui a précipité plus de 80 % des minima des branches professionnelles sous cette barre symbolique et une inflation forte dont la décrue reste improbable, l’actuelle accalmie du climat social risque de ne pas durer, exposant un nombre croissant d’entreprises à des tensions ou des conflits sociaux.

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins