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Les salariés peinent encore à identifier les situations de harcèlement

Règlementation du travail | publié le : 14.10.2022 | Nathalie Tissot

Parmi les 2 000 actifs des secteurs privé et public interrogés mi-septembre par Ipsos pour le cabinet Qualisocial, 35 % déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement au travail (moral, sexuel, propos ou comportements discriminatoires, cyberharcèlement), dont deux tiers au cours des cinq dernières années. Leur réponse a été obtenue après une sensibilisation sur le sujet. Car l'un des résultats majeurs de ce baromètre sur le harcèlement au travail, publié le 12 octobre, est bien la difficulté des salariés à qualifier ces faits malgré un renforcement de la réglementation ces dernières années.

Onze exemples de situations ont été présentés aux sondés. Parmi elles, celle d'un.e collègue racontant "des blagues crues, à connotation sexuelle, tous les jours dans l’open space. S'agit-il d'un acte sexiste, de discrimination, de harcèlement sexuel, d'une agression sexuelle ou rien de tout cela ?", leur demande-t-on. Seuls 19 % ont identifié un harcèlement sexuel. Autre exemple : "Mon supérieur et mon équipe m’incitent fortement à participer aux afterwork auxquels je ne veux/peux pas participer. Est-ce qu’il s’agit de harcèlement moral ?" Pour 39 % des répondants, non. Pourtant, ce cas de figure s'apparente à du harcèlement moral rappelle le cabinet spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux. Avec moins de cinq bonnes réponses sur l'ensemble du test, 43 % des employés ont un niveau de connaissance "quasi nul". "Si les managers s’estiment mieux informés sur la législation concernant le harcèlement au travail que les autres salariés, ils parviennent en réalité moins bien à identifier les situations que la moyenne" , précise l'étude.

Par ailleurs, 36 % de ces responsables, après une sensibilisation, ont le sentiment d'avoir déjà été auteur de harcèlement dans leur carrière (13 % sur l'ensemble du panel), une question rarement abordée. Elle corrobore un autre résultat : 60 % des harcèlements sont initiés par un supérieur hiérarchique. Et si dans les trois quarts des cas ils se produisent en présence de témoins, la majorité d'entre eux ne réagissent pas ou apportent leur soutien a posteriori à la victime. De même, cette dernière se tourne davantage vers des proches que vers un représentant de l'employeur ou un membre d'une instance de protection pour parler de ce qu'elle a subi. 42 % estiment que, finalement, la situation s'est terminée en leur défaveur.

Face à ces enjeux, le cabinet Qualisocial recommande aux employeurs un effort de formation, notamment des dirigeants au plus haut niveau, des managers, des référents. Il conseille également de développer des dispositifs de signalement et d'enquête externes, du soutien psychologique pour les victimes et les auteurs présumés ou encore d'associer le CSE aux démarches de prévention.

 
 
 

Auteur

  • Nathalie Tissot