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Henri Jannes (CFDT) : "Faut-il une énième réorganisation de l'inspection du travail ?"

Règlementation du travail | publié le : 28.05.2020 | Gilmar Sequeira Martins

Henri Jannes, secrétaire général adjoint du Syntef CFDT.

Crédit photo DR

Bien qu’approuvant la réforme de l’inspection du travail, Henri Jannes, secrétaire général adjoint du Syntef CFDT, se montre réservé sur les conclusions de la Cour des comptes.

Que pensez-vous de la suppression des sections territoriales proposée par la Cour des comptes ?
Henri Jannes :
Sur cette question, les avis restent très partagés. Cela pourrait favoriser les actions collectives et aussi une forme de spécialisation de l’inspection du travail. Tant que l’agent de contrôle est titulaire d’un territoire, c’est-à-dire une section, il a nécessairement une compétence généraliste et interprofessionnelle. Cet aspect hypergénéraliste n’est pas la norme en Europe. Il n’est d’ailleurs pas rare, en France, que des agents de contrôle développent une spécialisation de fait, au sens où ils s’investissent plus particulièrement sur telle ou telle problématique. À cette appréciation, il est possible d’objecter, comme le faisait le directeur général du travail (DGT) Yves Struillou dans une lettre de mars 2019, qu’appartenir à une section territoriale permet aux agents de contrôle d’avoir une bonne connaissance du terrain, des entreprises et des interlocuteurs, et c’est aussi un facteur de motivation. Par ailleurs, nos services connaissent des modifications d’organisation permanentes ces dernières années. Faut-il procéder à une nouvelle modification et exposer les agents à une énième réorganisation ?

Quelles doivent être les priorités ?
H. J. :
Nous estimons que la priorité est de mettre en cohérence les différents aspects soulevés dans le rapport, c’est-à-dire l’organisation du travail, le système d’information (WIKI’T), le pilotage et l’évaluation. Concernant WIKI’T (le nouveau système d’information mis en œuvre depuis 2016, NDLR), la Cour des comptes en critique l’ergonomie. Celle-ci doit certes être améliorée, mais le problème majeur est la réelle intégration de WIKI’T à l’organisation des services de l’inspection du travail. Ce système d’information (SI) n’est toujours pas la colonne vertébrale de l’organisation. Il faut rappeler que cet outil informatique a été déployé dans le plus grand désordre et la plus grande improvisation il y a cinq ans, et que beaucoup d’agents l’utilisent peu, ou mal. Aujourd’hui, nous ne savons pas toujours exactement ce que chacun peut faire ou doit faire sur le SI selon sa fonction. Nous sommes encore dans une utilisation très maladroite du fait d’un défaut d’organisation, qui trouve largement son origine dans un défaut d’accompagnement de l’administration centrale. Aujourd’hui, le « qui fait quoi » est plus clair mais WIKI’T demeure sous-utilisé et il n’est pas assez intégré à l’organisation. Nous sommes encore dans le moment de désorganisation lié au changement. Cette période perdure et c’est le principal problème, d’où l’évocation dans le rapport de la nécessité d’un accompagnement RH, qui sera aussi nécessaire pour améliorer le pilotage et l’évaluation.

Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins