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Un procès contre la China Southern pourrait changer la vie des LGBT+ au travail

Droit du travail | publié le : 29.03.2021 | Lys Zohin

En octobre 2019, les images de Chai Cheng, stewart de la plus grande compagnie aérienne chinoise, China Southern, embrassant un pilote dans l'ascenseur d'une résidence privée à Shenzhen, avaient fait le tour des réseaux sociaux et coûté son emploi à Chai Cheng. Il poursuit aujourd'hui son ancien employeur pour perte de salaire, dans une affaire considérée comme un test dans un pays où la discrimination au travail, notamment pour les personnes LGBT+, est commune. L'homosexualité est encore considérée par beaucoup comme « contraire aux valeurs socialistes ». Depuis 2016, les censeurs chinois interdisent qu'à la télévision, des comportements qu'ils considèrent comme « anormaux », incluant des relations gays, soient montrés... L'homosexualité n'est toutefois pas illégale en Chine et a été officiellement éliminée de la liste des maladies mentales en 2001. En outre, une loi de 2008 interdit la discrimination au travail, ce qui, pour certains experts, inclut l'orientation sexuelle, même si cette interprétation n'a jamais réellement été démontrée à l'occasion d'une affaire de justice. Ce sera le cas cette fois-ci. « La China Southern est un mastodonte d'État, et ses décisions sont souvent suivies par le reste des entreprises », a souligné Zhong Xialu, l'avocat du jeune stewart, en espérant qu'une décision de justice en sa faveur donne la nouvelle marche à suivre pour tous les employeurs. Le jeune stewart avait d'ailleurs caché son homosexualité pendant cinq ans à son employeur, de peur de compromettre ses perspectives de carrière. Et alors qu'il était considéré comme un employé modèle, régulièrement promu, ses managers lui ont demandé, après la circulation de la vidéo, d'être discret, ce qu'il a fait, puis l'ont cloué au sol pendant six mois, et enfin, son contrat n'a pas été renouvelé – « pour des raisons évidentes », a déclaré la compagnie aérienne... Peng Yanhui, qui dirige une association militant en faveur des droits des personnes LGBT+, confirme que les employeurs rechignent à licencier officiellement pour cette raison, mais trouvent des subterfuges. Si le procès ne porte pas directement sur l'orientation sexuelle du stewart, il pourrait ouvrir la voie à d'autres, plus directs, a-t-il estimé dans la presse. En outre, le pilote impliqué n'a pas été licencié. Mais ce n'est sans doute pas étranger au fait que les compagnies aériennes chinoises, qui ont du mal à recruter, paient pour la formation des pilotes et China Southern ne voulait pas perdre son investissement...

Auteur

  • Lys Zohin