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Uber fait du lobbying pour que ses livreurs européens aient le statut "californien"

Droit du travail | publié le : 23.02.2021 | Lys Zohin

Tandis que la Commission européenne s'apprête, le 24 février prochain, à se pencher sur le statut des travailleurs de la gig économie en vue d'une réglementation, Uber fait feu de tout bois pour convaincre Bruxelles que la Proposition 22, adoptée le 3 novembre dernier par les électeurs californiens, est la meilleure solution.

Selon ce dispositif, les géants de la gig économie, et en particulier les plateformes de livraison – Uber, Lyft, Instacart, DoorDash – sont, depuis janvier dernier, exemptés du Code du travail californien, qui inclut notamment un salaire minimum de 14 dollars de l'heure, puisque les travailleurs ne sont pas considérés comme des salariés. Parmi ses multiples actions de lobbying, Uber a notamment poussé un « livre blanc » auprès de la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, et du commissaire à l'Emploi, Nicolas Schmit, dans lequel la société les incite à ne pas requalifier les travailleurs des plateformes en salariés. Pourtant, le nouveau statut issu de la Proposition 22, en Californie, est loin d'avoir apporté les bénéfices attendus pour les travailleurs. De fait, les plateformes de livraison, qui avaient dépensé pas moins de 200 millions de dollars en publicité et en lobbying pour faire triompher leur cause, avaient, afin de séduire les électeurs, promis en échange d'un statut d'indépendant d'offrir quand même quelques avantages aux travailleurs : ils étaient censés, par exemple, à l'aide d'un voucher, pouvoir accéder à un contrat d'assurance santé subventionné, de même qu'ils devaient bénéficier d'une garantie sur leur salaire horaire. Or rien de tel ne s'est matérialisé pour l'instant... Et pour cause, les entreprises de la gig économie ne prennent en compte que le vrai « travail » des livreurs, oubliant les minutes d'attente devant les restaurants, de même que le temps passé, depuis la pandémie, à nettoyer leur sac ou leur vélo. Le résultat, selon une étude de l'université de Berkeley, en Californie, c'est que le minimum garanti n'est, avec ces façons de faire, que de 5,64 dollars de l'heure... Et bien sûr, les masques et le gel hydroalcoolique ne sont pas offerts par les plateformes. Quant au reste des avantages promis, notamment sur l'assurance santé, les forçats de la livraison n'en ont, selon la presse, pas vu la couleur, malgré une augmentation des tarifs de livraison pour les consommateurs, en vue, justement, de couvrir ces nouveaux frais...

Auteur

  • Lys Zohin