À l'appel des syndicats, les salariés grecs, du public comme du privé, ont fait une grève générale d'une journée, le 10 juin, pour protester contre la réforme du Code du travail proposé par le gouvernement. En mai dernier, ce dernier a dévoilé un projet de loi visant à accroître la compétitivité économique du pays, à travers notamment davantage de flexibilité dans les horaires de travail. C'est précisément ce point qui a fait bondir les syndicats. Selon le texte, alors que le temps de travail est actuellement fixé à 8 heures par jour, les employeurs pourront demander à leurs salariés d'effectuer jusqu'à 10 heures par jour, ou au contraire, moins de 8, selon les besoins, et de prendre, si nécessaire, du temps de repos pour compenser les heures supplémentaires. En outre, la proposition de loi inclut une « carte de travail digitale » permettant de surveiller en temps réel les heures travaillées, ainsi qu'une augmentation du total des heures supplémentaires permises par an, qui serait porté à 150 heures. Le gouvernement précise que le texte, qui actualise un corpus de lois ancien – « il date d'avant le numérique et bien sûr, d'avant le télétravail », a souligné le ministre du Travail, Kostis Hatzidakis – offre plus de liberté et s'attaque à l'exploitation des travailleurs, en luttant contre les heures supplémentaires non payées et le travail au noir, par exemple, de même qu'il prévoit d'interdire tout licenciement en cas de refus de la part du salarié d'avoir des horaires plus flexibles. Mais les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille. Ils estiment que ces mesures, si elles étaient adoptées, constitueraient un sérieux pas en arrière par rapport aux acquis, et ouvriraient la porte à bien des abus. « Cela porterait un mauvais coup au marché de l'emploi, aux négociations collectives et à la société en général », a ainsi déclaré le porte-parole de la Confédération générale des travailleurs grecs, fer de lance du mouvement de grève.