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Le Japon appelle ses entreprises à se soucier des droits humains

Droit du travail | publié le : 05.05.2021 | Lys Zohin

Après avoir lancé l'an dernier un plan d'action sur le respect des droits humains dans les entreprises, le gouvernement japonais va prochainement ajouter une clause spécifique sur ce même sujet dans le code de bonne gouvernance des sociétés cotées. Le Japon suit nombre d'États occidentaux, qui ont adopté des législations visant à renforcer la vigilance des entreprises en matière de droits humains, en particulier dans leurs chaînes d'approvisionnement. Certaines entreprises nippones ont, en effet, été montrées du doigt. Ainsi, le rapport d'un institut de recherche australien, le Strategic Policy Institute, publié en février dernier sur la question du travail forcé des Ouïghours, dans la province du Xinjiang, en Chine, citait le nom de 14 entreprises japonaises dans la liste de celles qui utilisent des sous-traitants soupçonnés de faire appel au travail forcé dans cette région chinoise. À titre d'exemple, le fabricant de boissons Asahi a déjà déclaré qu'il allait mener cette année des enquêtes sur le terrain pour vérifier si des abus existent du côté de ses fournisseurs internationaux, en particulier dans la récolte et la transformation du café. Quant au négociant Itochu, il déclare avoir déjà enquêté pour s'assurer que dans les plantations et les usines, au Brésil et en Malaisie, les droits humains – concernant le travail des enfants ou l'exploitation des travailleurs – n'étaient pas violés. Quant à Fast Retailing, propriétaire de la marque de vêtements Uniqlo, il assure lui aussi examiner de près les conditions de travail dans plus de 600 usines de sous-traitance, en Chine et dans d'autres pays. Et a prévenu que les sous-traitants qui ne respecteraient pas les codes de bonne conduite seraient évincés de sa liste de fournisseurs. Si les entreprises ne se mettent pas d'elles-mêmes en ordre de marche sur ce sujet, ce sont les actionnaires, soucieux de leur réputation au niveau international, qui les aiguillonnent. Junko Watanabe, un juriste du cabinet international Nishimura & Asahi, a déclaré dans la presse que les mouvements de désinvestissements, de la part, notamment, de grands fonds comme BlackRock, devraient s’accélérer à l'avenir. « Pour résister, les entreprises nippones vont devoir mettre au point une stratégie complète, couvrant toutes leurs activités », a-t-il déclaré. Mais pour l'heure, certaines résistent encore. D'autant qu'elles risquent, comme cela s'est produit récemment, d'être confrontées à des mouvements de boycott de la part de consommateurs chinois, incités par les autorités communistes à bouder les produits d'entreprises dénonçant les conditions de travail au Xinjiang.

 

Auteur

  • Lys Zohin