Depuis 2022, les départs à la retraite ont désormais lieu entre 62 et 63 ans. Les femmes liquident cependant leur retraite plus tard, partant donc le plus souvent à 63 ans, et le taux de décote augmente fortement avec les cohortes nées après 1951.
Le départ à la retraite est de plus en plus tardif. Une étude de la Drees publiée mi-octobre1 précise qu’il a reculé de 2 ans et 2 mois depuis 2010, année de la réforme qui a porté de 60 à 62 ans l’âge minimal pour liquider ses droits de pension. Les statistiques indiquent ainsi que, en 2022, l’âge de départ à la retraite était de 62 ans et 8 mois. Ces départs toujours plus tardifs tiennent essentiellement aux mesures de relèvement des âges légaux issus de la réforme de 2010.
Les statistiques de la Drees révèlent cependant que l’âge de départ à la retraite augmente plus lentement depuis 2016. C’est en effet l’année à partir de laquelle a commencé à entrer en vigueur le relèvement de l’âge légal d’annulation de la décote. Les auteurs de l’étude estiment que ce seuil a « un effet plus modéré que celui de l’âge minimum légal d’ouverture des droits, qui a achevé de produire ses effets en 2016 ».
8 mois après les hommes
Les chiffres indiquent par ailleurs qu’en 2022, les femmes liquident leurs droits à la retraite en moyenne 8 mois après les hommes. Elles partent donc en retraite en moyenne à 63 ans, alors que les hommes partent à 62 ans et 4 mois. Cet écart a toutefois tendance à se réduire progressivement au fil des générations.
Les données permettent aussi de saisir la proportion des personnes parties à la retraite avec une décote. Elle augmente sensiblement à partir de la génération née en 1950 et dépasse 10 % du total à partir de la cohorte née en 1952. Entre les cohortes nées en 1949 et en 1955, elle progresse de 4 points au régime général, passant de 7 % à 11 % (voir graphique).
Forte décote après 1950
C’est aussi le cas chez les fonctionnaires où la proportion de personnes parties à la retraite avec une décote augmente fortement entre les générations nées en 1950 et en 1951. Les données indiquent en effet que cette proportion progresse en effet de 9 points dans le régime de la fonction publique d’État civile (FPE), augmentant de 8 % à 17 %, et de 3 points à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL), progressant de 6 % à 9 %. Enfin, parmi la génération née en 1955, la part des retraités partis avec une décote s’établit à 16 % dans le régime de la FPE civile et à 8 % pour les agents des collectivités locales affiliés à la CNRACL.
Comment expliquer ces hausses rapides ? Selon les auteurs de l’étude, elles découlent de deux facteurs. D’abord, du calendrier de mise en application de la décote dans ces régimes. Ensuite, du recul de l’âge d’entrée sur le marché du travail qui a progressé jusqu’aux années 1970 du fait de l’extension de la scolarisation dans l’enseignement secondaire.
Il en a découlé une augmentation de l’âge moyen de première validation d’un trimestre et donc, toutes choses égales par ailleurs, une baisse de la durée validée lors du départ à la retraite. Les réformes des retraites de 1993 et de 2003 ont en outre augmenté la durée d’assurance requise pour une pension à taux plein, ce qui a encore joué en défaveur des futurs retraités.
(1) Panoramas de la Drees, social : les retraités et les retraites, édition 2024