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L’épineuse question de la retraite des indépendants

Retraites | publié le : 30.01.2023 | Natasha Laporte

À l’heure où les Français se lancent toujours plus dans le travail non salarié, quid de l’impact de cette tendance sur leurs futures pensions ?

C’est un tableau peu rassurant qu’a brossé en début d’année la Fédération nationale des autoentrepreneurs dans le cadre de ses propositions sur la réforme des retraites. « Peu de droits à la retraite », souligne ainsi cette organisation professionnelle. De fait, pas moins de 67 % des microentrepreneurs, selon le Haut conseil du financement de la protection sociale, n’avaient validé aucun trimestre pour leur retraite en 2018 – même si, par ailleurs, rien n’indique qu'ils exercent ou non une autre activité...

Et à l’heure où la réforme des retraites agite le pays, le travail non salarié, en plein essor, interroge. Selon l’Insee, la France métropolitaine comptait trois millions d’indépendants en 2019. Cette réalité recouvre une large palette d’activités, des exploitants agricoles aux professions libérales, en passant par les livreurs de repas. En outre, en 2021, tirées par les autoentrepreneurs, près d’un million d’entreprises ont été créées (+ 17 % sur 2020).

En 2018, un rapport de France Stratégie sur les nouvelles formes d’emploi et retraites analysait déjà cette évolution, avec d’une part, le développement des métiers en freelance et de néo-artisans, facilité par le statut de micro-entrepreneur, de même que par la capacité accrue des entreprises à externaliser le travail à partir du numérique, et de l’autre, l’émergence d’une économie des plateformes « à la demande ». Or ces « "nouveaux" indépendants se distinguent des autres travailleurs et des générations précédentes par le fait qu’ils ont souvent de moindres droits à la retraite que les salariés, en raison de leurs plus faibles cotisations et droits associés », pointait l’institution.

En effet, parmi les travailleurs non-salariés, les autoentrepreneurs perçoivent des revenus huit fois inférieurs à ceux des indépendants « classiques ». Autre donnée, celle de l’Insee : 18 % des indépendants ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté monétaire, tandis que les femmes, les jeunes et les indépendants plus âgés ont plus souvent de faibles revenus. Autant dire que dans ce paysage hétérogène, tous les indépendants ne profitent pas des rémunérations attrayantes des développeurs IT ! Ces données invitent à la réflexion sur les futures pensions, d’autant que la crise Covid a accéléré l’envie, chez certains, de déployer leurs ailes et de se créer leur propre emploi.

Auteur

  • Natasha Laporte