logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

La retraite à 65 ans enflamme le grand oral de la CFDT

Retraites | publié le : 11.03.2022 | Judith Chetrit

Il y avait un septième invité surprise à l’audition organisée par la CFDT le 10 mars 2022 pour entendre les propositions des candidats à un mois du premier tour. Son nom tient en deux chiffres : 65 ans. La proposition d’Emmanuel Macron, qui avait fuité la veille dans la presse, de faire campagne sur une proposition de relèvement de l’âge de départ à la retraite aurait pu difficilement passer inaperçue alors que les candidats et leurs représentants invités par la centrale syndicale devaient notamment présenter leurs visions et propositions en matière de protection sociale. À commencer par Richard Ferrand, le président LREM de l’Assemblée nationale qui faisait office de porte-voix de l’actuel président. Celui-ci se fend même d’une question rhétorique devant l’auditoire : "Vous imaginez la nuit que j’ai passéE ?". Si le président est réélu, faute de vouloir une "hausse des impôts" ou "une dégradation du modèle social", l’allongement de l’âge de départ serait progressif avec un recul de 4 mois chaque année afin d’atteindre l’objectif d’ici 9 ans. La première génération concernée par les 65 ans pourrait ainsi être celle née en 1969. En contrepartie, un minimum de pension de 1 100 euros et des mesures d’âge pour des configurations d’emploi spécifiques – comme un départ à 55 ans pour les personnes en situation de handicap ou 62 ans pour les emplois usants. En résumé, une "excellente première réforme d’un second quinquennat".

La proposition de réforme n’a pas manqué de faire réagir les adversaires d’Emmanuel Macron – à l’exception de Damien Abad, représentant Valérie Pécresse, qui ne voit pas "36 solutions" à condition de prendre en compte les "carrières longues et hachées". À gauche, c’est "un scandale absolu" pour Anne Hidalgo et l’accentuation "d’injustices flagrantes" pour Yannick Jadot qui pointe les 10 ans de différence d’espérance de vie en bonne santé d’un ouvrier à un cadre. Contrairement à Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon qui se sont prononcés en faveur de l’abaissement de l’âge à 60 ans à taux plein pour 40 annuités de cotisation, les deux candidats PS et EELV prônent le maintien de l’âge légal actuel à 62 ans avec une plus grande prise en compte de la pénibilité de certaines carrières. Tous rappellent, en revanche, les analyses du Conseil d’orientation des retraites qui prévoit un rééquilibrage des comptes en 2042 ou la lutte contre le chômage des seniors.

Également décrite comme "injuste" et "brutale" par le leader de la centrale syndicale, on se souvient que la réforme des retraites, finalement écartée de l’agenda par la crise sanitaire, avait suscité une vive opposition de la CFDT fin 2019 qui rejetait toute mesure "paramétrique" dont le rehaussement de l’âge de départ à taux plein. Ce n’est donc pas un hasard si Laurent Berger a rappelé en fin d’audition que la "volonté d’écoute" de la CFDT manifestée ce matin de mars avant "le geste dans l’isoloir" est certes un signal favorable à l’attention de la classe politique en campagne, mais le syndicat se dit aussi "prêt à contrer toute réforme porteuse d’injustice sociale".

 

Auteur

  • Judith Chetrit