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« La capitalisation est une mesure de justice sociale » (Institut Sapiens)

Retraites | publié le : 18.01.2023 | Benjamin d'Alguerre

Pour l’Institut Sapiens, l’affectation chaque année d’un point de PIB dans une complémentaire retraite par capitalisation permettrait d’accorder une enveloppe annuelle supplémentaire de 1310 euros à chaque retraité. Rencontre avec Erwan Tison, directeur des études de l’Institut.

Qu’est-ce qui motive l’Institut Sapiens à demander à ce que la réforme des retraites intègre une part de capitalisation ?

Erwan Tison : On associe souvent la capitalisation au monde anglo-saxon, au scandale Enron et à l’opacité de la gestion de certains fonds de pension. Mais dans les pays sociaux-démocrates, l’usage de la capitalisation a réussi à augmenter les pensions des retraités tout en financement les systèmes de protection sociale. L’Institut Sapiens s’est rendu compte que la dynamique démographique allait atteindre un pic en 2040. C’est l’année où le nombre d’actifs sera le plus élevé, ensuite il décroitra de 50 000 unités par an. Or, ce pic démographique ne pourra pas être absorbé par les réformes habituelles, c’est pourquoi nous proposons d’intégrer un peu de capitalisation dans la réforme. En clair : si on affecte chaque année un point de PIB (soit 22 à 23 milliards d’euros) dans un fonds global doté d’un taux de performance financière de 5% (soit la moitié de celui de la CAVP* ou du Prefon**), on réunirait une enveloppe de 565 milliards d’euros sur la période 2028 – 2040 qui permettrait d’augmenter la pension annuelle de chaque retraité de 1310 euros. Soit un 13e mois !

Comment les parlementaires qui vont se pencher sur le projet de loi accueillent votre proposition ?

E.T : Nous avons rencontré tous les groupes parlementaires pour leur montrer notre étude, mais nous n’avons manifestement pas été entendus à part par quelques députés Horizons. A gauche, on nous accuse de vouloir vendre le système de retraites à BlackRock, dans la majorité, le mot d’ordre est de maintenir le système de répartition et les récentes déclarations d’Éric Ciotti vont dans le même sens. Or, la capitalisation est une mesure de justice sociale. Aujourd’hui, hors des fonctionnaires et des pharmaciens, seuls les hauts revenus font de la capitalisation, par l’immobilier, l’assurance-vie ou d’autres produits de placement. Les salariés ayant un revenu inférieur à 1,4 fois le SMIC, eux, disposent d’une épargne nulle. Ils seraient les premiers gagnants de l’introduction d’un peu de capitalisation dans le système. Il suffirait d’un unique amendement ouvrant le Prefon aux salariés du privé pour que cela soit faisable !

 

*CAVP : Caisse d’assurance-vieillesse des pharmaciens et **Prefon (ou Caisse nationale de prévoyance de la fonction publique), deux régimes de retraites complémentaires par capitalisation à destination, respectivement, des pharmaciens et les fonctionnaires.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre