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Attractivité du travail, l’autre enjeu des retraites ?

Retraites | publié le : 20.02.2023 | Gilmar Sequeira Martins

Parmi les conséquences de l’éventualité du report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, l’enjeu de l’attractivité des métiers est rarement évoqué. Pourtant, les effets du travail sur la santé des personnes sont d’autant plus marqués qu’elles avancent en âge. Selon les données publiées fin 2022 et portant sur l’année 2019, le ratio d’accidents graves et d’accidents avec arrêts progresse très fortement pour les salariés ayant franchi le cap des 50 ans. Alors qu’il est de 2,3 pour les salariés âgés de 20 à 29 ans, de 4,4 pour ceux âgés de 30 à 39 ans et de 6,4 pour la tranche suivante, il bondit à 9 pour les salariés de 50 à 59 ans et atteint 10,9 pour ceux ayant dépassé la soixantaine.

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont aussi plus importants chez les salariés à mesure qu’ils avancent en âge, or 95% des indemnités journalières liées à une maladie professionnelle ont été versées pour des TMS selon la Cnam. Le même organisme indique que certains secteurs sont particulièrement touchés : en 2022, 7 secteurs – transport et logistique, commerce, agroalimentaire, bâtiment et travaux publics, propreté, industrie métallurgique, aide et soins à la personne notamment au sein des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) – concentraient plus du tiers (35%) des TMS reconnus d’origine professionnelle en France. Dans le seul domaine du transport, secteur qui connaît de fortes difficultés de recrutement, un sixième (15%) des accidents du travail sont liés au mal de dos.

D’où les échanges entre le Gouvernement et les organisations syndicales autour de la question de la pénibilité lors du débat sur le projet de réforme des retraites. Les améliorations proposées autour du compte professionnel de prévention (C2P) n’ont pas réussi à faire revenir les syndicats sur leurs revendications premières, à savoir la réintégration des quatre facteurs de pénibilité supprimés du dispositif en 2017, à savoir ceux relatifs aux postures pénibles, à la manutention des charges, aux vibrations mécaniques et à l’exposition aux agents chimiques dangereux. Compte tenu des nécessités de recrutement – la Dares prévoit en moyenne que l’économie devra pourvoir chaque année 760000 postes entre 2019 et 2030 – et des attentes nouvelles des salariés quant aux conditions de travail, nombre de secteurs seront amenés à réviser les conditions de travail pour éviter d’accroître leurs difficultés à recruter.

 

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins