Olivier Dussopt vient de donner le top départ de la concertation sur la réforme des retraites, apprend-on auprès du ministère du Travail. Mercredi 5 octobre, à 14h30, les organisations syndicales et patronales – Medef, CPME, U2P, CGT, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC, mais aussi Unsa, FSU et FNSEA – ont rendez-vous pour une première réunion avec le ministre du Travail qui devrait se tenir dans la salle des Accords de l’Hôtel du Châtelet. Premier round d’une série de réunions qui devraient aboutir à un projet de loi avant la fin de l’hiver pour une application dès l’été 2023.
Si cette première réunion devrait se borner à exposer aux organisations sociales le calendrier, la méthode et les objectifs de la réforme, les discussions s’annoncent cependant mouvementées. L’ensemble des organisations syndicales ont fait connaître leur opposition à ce projet de réforme qui devrait voir l’âge du départ à la retraite repoussé à 64 ans d’ici 2027 et 65 à l’horizon 2031. Une ligne rouge à ne pas franchir selon les syndicats, y compris la CFDT qui avait plutôt accompagné favorablement le précédent projet de réforme en 2018-2019 jusqu’à ce que la question de l’âge pivot ne revienne dans les débats. " Il y a de nombreux sujets sur lesquels nous avons des propositions telles que le minimum contributif, la pénibilité, l'emploi des seniors... Mais les 65
ans, on va les combattre", indiquait son secrétaire général Laurent Berger à nos confrères de l’AFP.La réforme s’engage sous haute tension car Emmanuel Macron a placé dans la balance l’hypothèse d’un passage du futur projet de loi en force par le biais du 49.3 lors d’un entretien voici quelques semaines devant l’Association de la presse présidentielle. Une décision qui a fait grogner même au sein de son propre camp.
Selon l’Élysée, les récents scénarios du Comité d’orientation des retraites (COR) qui ont fuité mi-septembre justifient cette hâte à boucler la réforme pour sauver financièrement le régime. Car si les experts du COR semblent s’accorder sur un budget des retraites excédentaire de 900 millions en 2021, le régime pourrait s’inscrire dans une trajectoire déficitaire dès l’an prochain jusqu’à atteindre les 20 milliards de déficit en 2030. Sauf qu’à en croire la CGT qui a sorti sa calculette, la prédiction, appuyée sur l’hypothèse d’un chômage élevé associé à une croissance très faible, se révèle particulièrement pessimiste et orientée politiquement.
Dans le bras de fer qui s’ouvre avec les syndicats, l’opposition politique Nupes, mais aussi certains membres de son propre camp comme François Bayrou qui juge la réforme précipitée, Emmanuel Macron pourrait compter sur un nouveau soutien : celui de Xavier Bertrand. Président de la Région Hauts-de-France et ancien candidat malheureux à la primaire des Républicains après en avoir longtemps été le favori. Celui qui lançait samedi son nouveau mouvement "Nous France" s’est dit "prêt à soutenir une réforme des retraites qui contiendra des efforts parce qu’il faut assurer l’équilibre du régime pour payer les retraites, pas pour faire des économies, mais il faut clairement de la justice et un vrai texte ad hoc", au micro de BFMTV. À condition cependant d’éviter le passage en force "auquel n’adhéreraient pas les Français".