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Retraites: Gouvernement et syndicats en chiens de faïence

Protection Sociale | publié le : 05.12.2022 | Benjamin d'Alguerre

Retraites: Gouvernement et syndicats en chiens de faïence

Retraites: Gouvernement et syndicats en chiens de faïence.

Crédit photo Olivier Le Moal/Adobe Stock

En attendant le 15 décembre, date à laquelle l'exécutif présentera son projet de réforme des retraites, Gouvernement et syndicats sont toujours à couteaux tirés. En cause, la question de repousser l'âge de départ à 65 ans, sur laquelle personne ne veut céder. 

Cette fois, le Gouvernement est rentré dans le dur sur la réforme des retraites. Alors que les deux premiers volets de la concertation avec les partenaires sociaux – consacrés respectivement à la prévention contre l’usure professionnelle et à l’emploi des seniors – pouvaient susciter certains consensus, la troisième série de rencontres bilatérales entre les organisations sociales et le ministère du Travail, dédiées cette fois aux « mesures d’équilibre du régime des retraites » – en clair, à l’âge de départ – risque de faire des étincelles.

Emmanuel Macron, depuis son séjour à Washington, ou Élisabeth Borne, dans une interview pour « Le Parisien », auront eu beau se livrer à un exercice acrobatique de « damage control » entre la fin de semaine dernière et ce week-end, la pilule ne passe pas. Les syndicats sont toujours vent debout contre le projet d’un passage de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans (en 2027), puis 65 ans (en 2031), et cette fois, les traditionnels opposants à toute réforme des retraites que sont la CGT et FO ont été rejoints par les réformistes de l’Unsa, de la CFE-CGC et même de la CFDT! Les différents scénarios mis sur la table par le Gouvernement portant sur les mesures d’âge comprises dans le projet ou les durées de cotisations n’ont pas convaincu le leader de la CFDT, Laurent Berger; pas plus que les quelques garanties contenues dans le futur texte, comme la progressivité de la réforme ou le maintien des dispositifs relatifs aux carrières longues.

L’âge de départ, zone d’achoppement

Sur le papier, les chances d’aboutir à une solution honorable semblent minces. Ni les syndicats ni le Gouvernement ne semblent vouloir céder un pouce de terrain sur la question centrale de l’âge de départ. « Le président en a fait un élément programmatique lors de sa campagne », rappelait Olivier Dussopt, le vendredi 2 décembre, en marge de l’ouverture des Assises du travail. Et de rappeler que les prévisions financières du Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoient un nouveau déficit d’1,8 milliard pour le régime dès 2023, celui-ci risquant de monter à 12,5 milliards à l’horizon 2027 et à 15 milliards en 2030. Pas le choix, à en croire le ministre du Travail: si l’on veut maintenir le pouvoir d’achat des retraités, augmenter les petites retraites jusqu’à 1.100 euros – autre mesure programmatique d’Emmanuel Macron – et éviter le recours à l’emprunt pour financer le régime, le recul de l’âge est indispensable.

Les syndicats, eux, ne l’entendent pas de cette oreille, et s’ils acceptent de jouer le jeu de la concertation jusqu’au bout, ils ont d’ores et déjà annoncé leur intention de mobiliser dans la rue et par tous les moyens possibles – comprendre: en bloquant les trains pendant les périodes des fêtes –, si le Gouvernement ne revoit pas son projet. Un projet que l’exécutif entend toujours dévoiler le 15 décembre prochain.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre