Le 4e baromètre « Regards sur l’emploi » de l’Unédic révèle une situation inédite. Avec les bons chiffres de l’emploi (7,3% de chômage), la société considère de plus en plus les demandeurs d'emploi comme responsables de leur malheur.
Le temps de la bienveillance de l’opinion publique envers les demandeurs d’emploi semble révolu. Alors que l’exécutif vient d’annoncer une révision des règles de l’assurance-chômage visant à raboter de 20% la durée d’indemnisation des inscrits à Pôle emploi à compter du 1er février 2023, c’est toute la société qui semble durcir son regard sur les chômeurs, à en croire le quatrième baromètre de la perception de l’emploi dévoilé le 7 décembre par l’Unédic et l’institut Elabe. Pour la première fois, depuis la mise en place de cette enquête en février 2020 – soit un mois avant le premier confinement –, la courbe impute la responsabilité de leur situation aux demandeurs d’emploi eux-mêmes (50%, +7 points par rapport à la dernière édition du baromètre) plus qu’à la politique des entreprises (45%, -2 points).
Concrètement, la perception du demandeur d’emploi « victime » demeure majoritaire (56% continuent à l’attribuer aux évolutions de la société), mais recule. Si le chômage demeure une situation subie pour 72% des 4.500 sondés (dont 1.500 chômeurs) et un « coup du sort » pour 63%, ils n’en sont tout de même pas moins 49% à penser que les demandeurs d’emploi « ne recherchent pas vraiment un emploi », qu’ils ne font pas assez de concessions dans leurs recherches d’emploi (60%), qu’ils ne veulent pas perdre leurs allocations (57%), que celles-ci, trop élevées, n’incitent pas au retour à l’emploi (24%), voire que les chômeurs fraudent (25%)…
Paradoxalement, l’idée que le chômage est une étape presque normale dans le parcours d’un actif fait aussi son chemin. « Le chômage est une situation qui touche presque sept Français sur dix, soit qu’ils soient au chômage, soit qu’ils l’aient été ou connaissent un proche sans emploi », résume Laurence Bedeau, associée au sein d’Elabe. Pour autant, la perception des demandeurs d’emploi sur leur propre situation reste inconfortable. 25% avouent affronter les critiques de leur entourage, 23% se sentent méprisés et 47% confessent subir des questions inquisitrices quant à leur recherche d’emploi. Résultats: 48% s’indiquent « stressés » et « inquiets » dans leur vie de tous les jours.
