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La nouvelle mouture de la réforme de l'assurance-chômage "encore plus injuste" que la précédente selon la CGT

Assurance chômage | publié le : 03.05.2021 | Benjamin d'Alguerre

Les syndicats restent vent debout contre la réforme de l’assurance-chômage que le Gouvernement entend rendre effective au 1er juillet prochain. Après avoir obtenu, devant le Conseil d’État, l’annulation du décret du 26 juillet 2019 au motif que celui-ci entérinait un nouveau calcul du salaire journalier de référence (SJR), créant de fortes inégalités de traitement entre demandeurs d’emploi, six organisations syndicales entendent bien avoir la peau de celui du 30 mars 2021 pour les mêmes raisons. « La CGT, FO, la CFE-CGC et Solidaires ont déjà déposé leur recours. La CFDT s’apprête à le faire, l’Unsa envisage de suivre le mouvement », énumère Denis Gravouil, en charge du dossier de l’assurance-chômage à la CGT.  La CFTC, pour sa part, réserve sa décision à un retour des droits rechargeables à l’assurance-chômage à quatre mois au lieu de six.

Le Gouvernement a eu beau revoir sa copie en matière de calcul du SJR en instaurant un plancher de 57 % d’allocation minimale (ce qui aurait pour effet d’épargner près de 800.000 chômeurs du nouveau calcul), pour la CGT, c’est toujours non. La Centrale de Montreuil dispose en effet dans sa besace d’un argument-massue pour exiger le retrait du décret du 30 mars 2021, à savoir de nouvelles études de cas réalisées par l’Unédic et parues le 22 avril dernier, affinant les propositions gouvernementales. Selon ces nouveaux chiffres, non seulement le calcul revisité du SJR ne diminuerait pas les inégalités entre demandeurs d’emplois indemnisés, mais… les aggraverait, parfois dans une proportion de un à cinquante. Comment ? Le calcul est savant. Selon Mathieu Grégoire, sociologue spécialisé dans les questions de protection sociale à Nanterre, le changement de définition du SJR non plus calculé en fonction des périodes travaillées sur une année, mais tenant compte des périodes d’inactivité du demandeur d’emploi sur les deux dernières années, pourrait réduire fortement le niveau d’indemnisation. Entre deux chômeurs disposant du même salaire initial de 2.800 euros, ayant connu le même temps de travail sur avril-mai, mais le premier selon la temporalité un mois de travail/un mois de chômage, et l’autre fractionné sur quinze jours le premier mois, quinze jours le second, avec un mois d’inactivité intermédiaire, l’indemnisation du premier serait de 1.492 euros et celle du deuxième de… 32 euros !

Par ailleurs, le temps presse. Les syndicats devraient déposer leurs recours « vraisemblablement la troisième semaine de mai pour que le Conseil d’État puisse rendre sa décision avant le 1er juillet », précise le syndicaliste. Et dans le même temps, le Gouvernement s’est engagé sur la publication « prochaine » d’un décret correctif à celui du 30 mars 2021, neutralisant les périodes d’inactivité pour les salariés ayant connu des périodes d’activité partielle, de congés maternité, d’arrêt maladie ou d’activité réduite. Et tout cela alors que le calendrier social gouvernemental prévoit l’entrée des partenaires sociaux dans une concertation sur la nouvelle convention d’assurance-chômage 2022 dès ce mois de mai !

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre