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Geoffroy Roux de Bézieux propose un "Big Bang" de l'assurance-chômage

Assurance chômage | publié le : 06.05.2021 | Benjamin d'Alguerre

Le Medef veut tirer un trait sur le système de financement et de gouvernance de l’assurance-chômage et le réformer en profondeur. Le 6 mai 2021, à l’occasion d’une rencontre avec l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), Geoffroy Roux de Bézieux a détaillé le projet que portera son organisation lors de la future concertation sur l’assurance-chômage programmée pour le mois de mai. « Nous sommes arrivés au bout du système hybride et déstabilisant qui avait été instauré en 2008 lors du rapprochement ANPE-Assedic, qui a donné naissance à Pôle emploi. On a accouché d’un monstre qui n’a fait qu’accumuler de la dette. Aujourd’hui, il ne fonctionne plus », plaide Geoffroy Roux de Bézieux, qui a occupé la présidence de l’Unédic de 2008 à 2010. Le président du Medef a rappelé les différentes strates de la reprise en main du régime par l’État : prise en charge de 80 % du budget de Pôle emploi par l’Unédic ; ingérence grandissante du Gouvernement dans la négociation des conventions triennales ; transfert, en 2018, de la part du financement du régime issu des cotisations salariales sur une quote-part de la CSG, rendant les partenaires sociaux illégitimes à gérer le système…De quoi convaincre le Medef d’appeler à une rénovation de fond en comble. « Un Big Bang pour revenir aux sources de l’assurance-chômage. »

Si le régime – plombé par une dette attendue en 2022 de 64,2 milliards d’euros, dont 20 % seulement trouvent leur origine dans les conséquences économiques et sociales de la crise de la Covid-19 – n’est pas amené à perdurer, le Medef imagine déjà le monde d’après. Un nouveau système « à trois étages » construit sur le modèle de l’Agirc-Arcco. Premier étage : un régime de solidarité « socle » géré par l’État. Financé par les seules quote-parts de la CSG et des fonds de l’ASS (17,3 milliards d’euros par an selon les calculs du Medef), celui-ci prendrait en charge le versement des allocations « socle » et de solidarité, les contributions au régime de retraite des chômeurs, le remboursement des intérêts de la dette et le financement à hauteur de 300 millions du budget annuel de Pôle emploi. Deuxième étage : un régime assurantiel complémentaire géré par les partenaires sociaux (au travers d’une « Association de gestion interprofessionnelle pour l'emploi » – A.G.I.L.E  – ayant vocation dans ce scénario à remplacer l’Unédic) dont les fonds, issus des cotisations patronales (25 milliards), seraient ventilés entre dépenses d’allocations assurantielles et financement de de Pôle emploi pour 500 millions. Enfin, le service public de l’emploi – dont Pôle emploi – constituerait le troisième étage du système et serait pris en main par l’État seul. Quant à la tâche de rembourser la dette de l’Unédic, elle serait partagée entre l’État (pour 67 %) et les partenaires sociaux (pour 33 %).

Un remède de cheval pour un régime d’assurance-chômage très malade ? Oui, répond Geoffroy Roux de Bézieux. Mais à ses yeux nécessaire. « Il faut sortir de ce système où l’État décidait de tout en faisant semblant de demander aux partenaires sociaux de décider. » Par sûr cependant que les autres organisations gestionnaires du régime soient emballées par le projet…

 

 

 

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre