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« Nous voulons promouvoir une culture apprenante » (Bénédicte Chrétien, DRH Crédit agricole SA)

Homepage | publié le : 29.05.2024 | Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins

Bénédicte Chrétien

Bénédicte Chrétien, DRH Crédit agricole SA : « Nous voulons promouvoir une culture apprenante. »

Crédit photo Nicolas Gouhier

Les 75.000 salariés du groupe Crédit agricole SA vont se former et organiser leur mobilité sur la plateforme LinkedIn. Bénédicte Chrétien, DRH du groupe, détaille les motifs de ce choix et les trois grands objectifs visés par cette opération inédite.

Pourquoi avoir choisi LinkedIn pour assurer la formation et la mobilité ?

Bénédicte Chrétien : Nous avons constaté que 80 % des 75.000 collaborateurs du groupe sont sur LinkedIn. Nous avons donc choisi d’être pragmatiques. Ensuite, LinkedIn est un partenaire de longue date du groupe. Mais la raison majeure de ce choix, c’est notre approche holistique du développement des compétences qui va du recrutement à la mobilité en passant par la formation afin de créer un cercle vertueux d’apprentissage, où l’intelligence humaine sera augmentée par l’intelligence artificielle. Cette démarche s’adresse à tous les collaborateurs. Nous ne souscrivons pas à une vision où il y aurait 2 % de talents dans le groupe qui devraient être développés. Nous avons 100 % de talents dans le groupe. Cette démarche va asseoir notre place d’employeur de référence, c’est-à-dire notre capacité à embarquer les collaborateurs dans les chocs technologiques, sociétaux et environnementaux. Nous apportons une réponse à la question : comment mon entreprise m’accompagne-t-elle ?

Quel sera le rôle des équipes RH et que va changer ce partenariat ?

B. C. : Mon travail et celui de mes équipes consistent à intensifier cette fabrique des talents. Ce processus a pour but de permettre aux collaborateurs de développer de nombreuses capacités : apprendre à exercer une pensée critique, raisonner en discernement, savoir s'adapter, savoir faire preuve d'intelligence situationnelle, améliorer leur mode de décision, leur capacité d’empathie ou encore leur créativité. Le développement incessant de ses compétences propres à l'intelligence humaine va apporter de la valeur ajoutée aux clients de façon plus subtile, avec plus de discernement. Nous croyons à l’IH, l’intelligence humaine, augmentée par l’IA, et pas au schéma inverse.

Quel est votre message aux collaborateurs ?

B. C. : Le chemin que nous proposons aux collaborateurs est celui de la responsabilité. Nous mettons le collaborateur en situation d'auto-responsabilité dans le choix de son parcours. C'est lui qui le détermine. Ensuite, il pourra demander des conseils auprès de son manager et de ses RH, mais ce seront vraiment des conseils. Le cœur du processus, c’est l'auto-responsabilité dans une posture apprenante. Nous ne sommes pas dans du top-down prescriptif, mais dans une démarche où c’est le collaborateur qui s’auto-prescrit son parcours. Nous sommes dans la promotion aussi d'une culture apprenante. C'est l'une des clés pour gérer les ruptures du monde qui vient et qui font parfois peur aux collaborateurs.

Sur quels atouts misez-vous pour engager les collaborateurs ?

B. C. : Les personnes vont vers l'usage quand il y a un « What’s in it for me ? ». Il faut que les formations proposées aident les collaborateurs à construire leur carrière, préparer leur prochaine mobilité, à se former à la diversité, etc. C’est par l’usage que ce programme parle aux collaborateurs, à leurs besoins. C’est l’un des critères qui ont contribué à conclure ce partenariat avec LinkedIn.

Quels sont les objectifs poursuivis ?

B. C. : Les objectifs poursuivis se rangent dans trois dimensions. La première est d’ordre qualitatif. Ce partenariat va nous permettre d’accélérer notre projet humain et notre transformation managériale et culturelle. Il va nous aider à construire un nouveau dialogue en aidant chacun à mener une réflexion personnelle qui sera le moteur de notre transformation. La deuxième dimension est d’ordre quantitatif. Aujourd’hui, 61 % de nos postes sont pourvus en interne. Nous aimerions porter ce taux à 70 %, sans aller au-delà parce qu'il faut aussi des recrutements externes pour apporter du sang neuf qui permet de faire évoluer la culture. Le deuxième objectif quantitatif porte sur le nombre d’heures de développement des compétences. La troisième dimension a trait à l’évolution du dialogue entre collaborateurs, managers et RH. Nous souhaitons qu’il devienne plus horizontal. Les managers ont un rôle clé à jouer. Ils vont permettre à leurs équipiers de progresser en auto-responsabilité, en étant dans un dialogue continu sur la carrière, la mobilité, la formation. Ils sont chargés de promouvoir un apprentissage constant, personnalisé et à grande échelle par le dialogue. et ils vont ainsi permettre la promotion du progrès individuel et collectif.

Auteur

  • Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins