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« The Apprentice n'est pas le Koh-Lanta de l'entreprise »

Liaisons Sociales Magazine | Management | publié le : 09.09.2015 | Anne Fairise

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Bruno Bonnell*, multi-entrepreneur lyonnais et figure incontournable de la robotique, joue le rôle du patron recruteur dans la nouvelle émission de téléréalité** diffusée sur M6, où quatorze candidats s’affrontent pour un CDI. Il plaide pour plus de diversité dans le recrutement.  
 

La robotique manque-t-elle à ce point de bras que vous deviez en passer par une émission de télévision ?

Bien sûr que j’aurais pu recruter le futur directeur commercial de ma société Awabot [25 salariés, NDLR] par la voie classique ! Mais le concept de l’émission m’a plu. Elle permet, à une heure de très grande écoute, de montrer l’entreprise sous un jour différent et de la sortir du ghetto des émissions polémiques ou des chaînes spécialisées. Où l’on ne parle que d’affaires avec un grand A ou de chiffres. L’entreprise ne se résume pas à des malversations ni à ses comptes d’exploitation. C’est un organisme vivant et complexe, avant tout un lieu d’échanges entre être humains.

Mettre en scène quatorze candidats se battant pour un CDI, ce n’est pas polémique ?

La compétition n’est pas un tabou quand elle est saine, juste, respectueuse des candidats. A aucun moment, vous n’entendrez le célèbre « Vous êtes viré » prononcé dans la version originale américaine, qui est choquant à nos oreilles. L’émission a été adaptée. Elle reflète les valeurs de l’entrepreneuriat européen. Le candidat est toujours respecté, même si ses résultats ne sont pas à la hauteur. Et aucune des épreuves n’est humiliante ni gratuite. The apprentice n’est pas le Koh-Lanta de l’entreprise. On ne demande pas aux candidats de tenir le plus longtemps possible en équilibre sur un poteau heurté par la mer. L’objectif n’est pas qu’ils se dépassent dans l’absolu mais dans un cadre professionnel. Chaque cas pratique sert à évaluer leur potentiel et leurs compétences : la capacité d’initiative, à gérer une équipe, à négocier, à faire face à l’imprévu, à évaluer les performances… C’est un vrai poste qui est en jeu.

Quel est votre rôle dans l’émission ?

J’ai sélectionné les quatorze candidats parmi les cinquante que la société de production avait retenus sur un millier de postulants. J’ai choisi des profils différents, hommes et femmes, diplômés ou autodidactes, issues de différentes cultures. Cela répond à une intime conviction mais aussi à une nécessité. Le poste de directeur commercial s’adresse à toute l’Europe. Son titulaire, à la tête d’une équipe de cinq personnes, sera chargé d’y lancer un nouveau produit télécom. Evidemment, j’interviens dans l’élimination des candidats, après en avoir délibéré avec mes deux plus proches collaborateurs qui me font des recommandations. Mais je choisis seul celui qui quitte l’émission. Les téléspectateurs assistent en direct aux coulisses du recrutement. Ils pourront se rendre compte que c’est un processus bien plus formel qu’ils ne le pensent.

Quels enseignements avez-vous tiré de cette expérience ?

Le diplôme ne fait pas tout. On peut rebondir, réussir avec du travail et du mérite. Il n’est pas nécessaire d’avoir eu une formation ou des expériences dans un secteur donné pour y travailler, si rien n’est figé du côté des recruteurs. Surtout pour certains types de poste, manager, commercial... Trop souvent, et je le déplore, les candidats finaux présentés par les cabinets de recrutement se ressemblent. Cela dessert l’entreprise. Les professionnels du recrutement doivent bousculer leurs habitudes et élargir leurs critères de choix. Aucun parcours n’est écrit une fois pour toutes. Mon meilleur vendeur a commencé sur les marchés.

 

* Bruno Bonnell, 56 ans, ex-patron d'Infogrames et d'Atari, s'est spécialisé dans la robotique de service. Il est à l'initiative du premier fonds d'investissement entièrement dédié au secteur (Robolution capital). Actuel dirigeant de Robopolis, d'Awabot et de POB Technology, il préside le conseil d'administration d'EM Lyon Business School.

** The apprentice. Qui décrochera le job ? Mercredi 9 septembre sur M6, à 20h55.

Auteur

  • Anne Fairise