Entrecouper des heures de travail par une partie de ping-pong ou un challenge « gaufres » ? Dans certaines entreprises, c’est monnaie courante. Quels sont les ressorts de ce « management distractif » et ses répercussions sur la performance ou sur les relations de travail ? L’analyse que propose le sociologue Stéphane Le Lay vient éclairer ces pratiques et dévoiler leurs conséquences. Les premières seraient d'une part un effacement entre les frontières de la production et de la consommation, et d'autre part une mise en lumière du niveau de performance atteint par les participants aux « challenges » ludiques. Dans deux autres exemples, l’auteur souligne une nouvelle fois cet effacement entre, cette fois, les rôles de « joueur » et de « spectateur », ou encore la disparition des frontières entre vie professionnelle et privée avec un concours de la plus belle photo de... bébé. Ne s’inscrivant pas dans la perspective du « fun at work », l’auteur met en lumière l’instauration, sous couvert d’activités distrayantes, d’une compétition permanente qui installe subrepticement entre salariés une rivalité rendant difficile, voire impossible, la coopération. Mais alors, quid du collectif de travail ? L’analyse mérite d’être méditée tant les conséquences de ce processus peuvent être profondes, malgré leur caractère à première vue superficiel.

Jouez ! Le travail à l’ère du management distractif, Stéphane Le Lay, CNRS Éditions, 224 pages, 23 euros.