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"Si un patron n’a pas confiance en ce qu’il fait, il ne peut pas donner confiance à ses équipes"

Liaisons Sociales Magazine | Management | publié le : 02.01.2015 | Emmanuelle Souffi

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Pour le directeur associé* du cabinet EIM, les cent premiers jours à la tête d'une entreprise comportent sept temps souvent trop négligés par les nouveaux dirigeants. Comme en politique, l'état de grâce ne dure jamais bien longtemps.

 

Ces 100 premiers jours sont-ils cruciaux pour la suite ?

La première impression est toujours la bonne et vous n’avez qu’une chance de réussir ! C’est une étape essentielle pour établir la confiance. Regardez Nicolas Sarkozy et François Hollande ! Leur examen de passage n'a guère été concluant... Quand Jean-Pierre Clamadieu a pris la direction de Rhodia en 2003, l’entreprise était au bord du dépôt de bilan. Il a fallu renégocier la dette avec pas moins de 200 interlocuteurs. Derrière cette crise financière se jouait également la confiance de tous dans l’avenir du groupe. Il faut donner du sens, un cap. Le temps est certes compté, mais tout est question de rythme, de tempo. Aller vite sur les premières actions concrètes, mais doucement sur les réformes structurelles profondes. C’est la stratégie des petits pas.

Quelles sont les erreurs les plus fréquentes ?  

Souvent, les patrons hésitent à se séparer de certaines personnes, celles qui vont être des freins ou des opposants potentiels. Conserver ceux qui ont la mémoire de l’entreprise est important. Mais rassembler autour de soi des collaborateurs en qui on a confiance l’est encore plus. Il y a également ceux qui veulent trop bien faire, partir tout de suite sur de grands changements (organisation, informatique, reporting) mais qui enlisent l’entreprise, aspirent les équipes dans des réunions sans résultats immédiats et qui, au final, découragent. Le sauveur, lui, veut faire table rase du passé en s’imposant comme l’homme –ou la femme- de la situation. Or en critiquant trop le passé, on touche à la fierté collective. Pour bâtir, il faut s’appuyer sur l’héritage et respecter la culture de l’entreprise.

Doit-on se montrer audacieux ?

Oui, il faut oser ! Beaucoup de nouveaux chefs d’entreprise attendent d’avoir tout compris avant de commencer à agir. Or, il est préférable de renoncer à la perspective rassurante d’une analyse exhaustive de la situation avant de prendre les premières décisions. Car la confiance se forge par des premiers pas et des premiers résultats concrets. Churchill disait : « Better to do the wrong thing than to do nothing ». Et Claude Levy-Strauss : « Etre dirigeant suppose une certaine cécité. A trop réfléchir, on renonce à agir ». Ca me parait tout à fait juste.

Ces 100 premiers jours sont-ils synonymes de stress ?

Souvent, les nouveaux dirigeants sont pris par l’action, l’urgence de ce qu’il y a à faire. Ils avancent et évitent de se poser trop de questions. Ils taisent leurs angoisses. Rudyard Kipling avait cette expression que j’aime beaucoup : « Si tu t’assieds, les hommes se couchent ». Si un patron n’a pas confiance en ce qu’il fait, il ne peut pas donner confiance à ses équipes.  


*Frédéric Marquette vient de publier "Cent jours pour réussir, paroles de dirigeants", Ed. à contre courant, 20 €

 

Auteur

  • Emmanuelle Souffi