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"L'engagement des salariés est très contraint"

Liaisons Sociales Magazine | Management | publié le : 03.10.2016 | Emmanuelle Souffi

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88 % des actifs se sentent engagés dans leur vie professionnelle, selon un récent sondage*. Ils sont prêts à beaucoup pour le garder, notamment à travailler plus sans gagner plus, voire à mentir à leurs clients. Thierry Herrant de Publicis Consultants nous explique pourquoi.

Malgré les difficultés, les Français sont finalement très investis dans leur travail…

On dit la société française touchée par la morosité et la défiance. En réalité, d’après notre sondage réalisé auprès de 1000 personnes, le monde du travail est plutôt épargné par ce climat délétère. 88 % des Français interrogés se sentent engagés professionnellement, c’est-à-dire impliqués. 39 % le sont même beaucoup. Sans surprise, les femmes affichent l’engagement le plus fort (91 %), en dépit de la persistance d’inégalités. Le travail revêt une importance capitale, dans les mêmes proportions que la vie sentimentale ou familiale. Cela témoigne d’une attente forte en termes d’équilibre vie privée-vie professionnelle. Travailler oui, mais en ayant des conditions de travail qui ne grignotent pas le terrain familial qui reste structurant. C’est donc un enjeu clé pour les directions des ressources humaines.  A noter que 17 % des Français s’investissent dans leur religion, ce qui laisse augurer de potentiels conflits  dans l’entreprise…

Pourquoi cette défiance ne touche-t-elle pas l’entreprise ?

Les Français sont défiants vis à vis des institutions qui leur semblent éloignées (Etat, gouvernement, Parlement…). Plus la proximité, et donc l’utilité, est grande, plus la confiance grandit. L’entreprise fait partie de leur quotidien, ils perçoivent ses enjeux, ils s’en sentent logiquement plus proche, ce qui ne gomme pas la souffrance au travail vécue par certains. Huit Français sur dix se disent ainsi confiants dans l’avenir de leur employeur et 77 % se sentent personnellement engagés dans sa réussite, surtout les cadres. A tel point qu’ils sont même prêts à aller au-delà de ce qui est attendu d’eux. 58 % pourraient jouer les lanceurs d’alerte pour dénoncer des pratiques délictueuses portant préjudice à leur entreprise. Un tiers irait jusqu’à mentir ou cacher des informations utiles à un client ou un partenaire. Intérêt de l’entreprise et intérêt individuels sont liés. Des chiffres qui montrent aussi le sentiment de précarité vécu dans le monde du travail à l’heure du chômage de masse.

Quels sacrifices sont-ils prêts à faire pour sauver leur emploi ?

Travailler plus sans gagner plus : 45 % des salariés sont d’accord pour augmenter leur temps de travail sans compensation. Et même 55 % des cadres. Un quart accepterait de baisser leur rémunération sans contrepartie si cela permet de sauver leur entreprise. Les Français ont intégré la notion de souplesse et d’efforts à condition qu’ils soient limités dans le temps. Le sentiment d’insécurité est généralisé. Les salariés ont peur de perdre leur emploi. C’est finalement un engagement très contraint qui se joue.

Quels sont les leviers d’engagement au travail ?

En haut des facteurs de motivation, tout ce qui touche au bien être au travail, au sentiment d’être traité justement en termes de salaire et de carrière : rémunération attractive, évolution professionnelle, qualité de vie au travail, management bienveillant. A l’inverse, les critères de nature plus « corporate » (clarté de la stratégie, responsabilité sociétale, valeurs collectives…) mis en avant par les directions de la communication sont ceux qui ont le moins d’effets positifs sur l’engagement. Lucides, les salariés n’y croient pas…

*Sondage Occurence/Publicis Consultant, réalisé auprès de 1000 actifs en septembre 2016

Auteur

  • Emmanuelle Souffi