Avec les enquêtes d’opinion internes, les directions cherchent principalement une ligne directe avec les salariés, et un moyen d’améliorer les performances de l’entreprise.
Les directions d’entreprise ont beau ne pas être élues par les salariés, elles ont quand même besoin, de temps en temps, de les sonder pour connaître leur opinion. Comme l’explique Hubert Landier, directeur du groupe Management social, « les intermédiaires entre le corps social et la direction n’existent plus : le management n’a plus le temps de remplir cette fonction et les représentants du personnel ont cessé de le faire. Dès lors, les directions générales, en état d’apesanteur, n’ont plus qu’une idée vague de ce qui se passe sur le terrain ».
Et même quand ces intermédiaires existent et jouent leur rôle, les messages qu’ils passent à la direction sont orientés. D’où le besoin pour ces dernières de disposer de leur ligne directe avec les salariés, en appui de négociations sociales ou pour accompagner des changements. C’est l’objectif affiché par la Sécurité sociale et par Electricité réseau distribution France (ERDF).
Retour sur investissement
D’autres utilisent les enquêtes d’opinion avec un objectif de retour sur investissement et de création de richesses. Le postulat étant qu’« il y a une corrélation entre l’engagement des salariés et la performance de l’entreprise », explique Didier Burgaud, responsable de l’activité engagement des salariés chez Hewitt. C’est le raisonnement adopté par IBM et par l’entreprise de matériel électrique Hager lorsqu’ils diligentent des études d’opinion. Dans cette optique, « ce qui est fondamental, ce n’est pas seulement la mesure, mais le déploiement des résultats en interne, l’accompagnement des managers face à ce type d’études et l’identification de marges de manœuvre », explique Antoine Solom, directeur du pôle management et ressources humaines d’Ipsos Loyalty.
Dialogue social constructif
Maurice Thévenet, professeur de GRH au Cnam et à l’Essec, rappelle également que les enquêtes d’opinion servent à se mettre autour de la table en vue d’aboutir à un constat partagé, donc à créer les conditions d’un dialogue social constructif. Une perspective sur laquelle les organisations syndicales sont dubitatives : elles reprochent aux directions d’orienter les questions ou les réponses des salariés dans le sens qui les arrange, ou de ne pas tenir compte des résultats lorsqu’ils ne sont pas conformes à leurs attentes.
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Lire la première partie de l'enquête : Quand les entreprises sondent le terrain