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L’EM Lyon promeut l’intelligence collective

Liaisons Sociales Magazine | Management | publié le : 10.06.2016 | Anne-Cécile Geoffroy

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Depuis deux ans, l'établissement propose de «travailler ensemble autrement». Ce jeudi 9 juin, les enseignants-chercheurs du cluster Travail et organisations proposaient ateliers et conférences pour (re)trouver le goût de faire ensemble.  

«Libérer la parole dans l’entreprise», «motiver un collaborateur sans une carotte financière», «inventer un système de rémunération plus juste»… Dans une salle de classe de l'EM Lyon, dont les chaises et les tables ont été poussées contre les murs, ils sont une quinzaine, post-it en main, à choisir des défis managériaux. Que d'autres tenteront de relever plus tard.

Les participants ? Des managers, des directeurs de service, des chefs d’entreprise, qui découvrent cet atelier dit «chapeaux de bono» ce jeudi 9 juin. Il s'agit d'une méthode d’animation de réunion qui vise à éviter les débats sans fin et souvent stériles qui émaillent les journées au travail. Dans les salles adjacentes, d’autres s’essaient au brainwriting, au world café, au photolangage ou encore à la dynamique du U. Derrière ces appelations se cachent d'autres techniques innovantes pour (ré)apprendre à travailler ensemble.      

Intelligence collective

L’initiative de l’EM Lyon est partie d’un constat : dans l’entreprise, les salariés ne travaillent plus que côte à côte. C’est pour retrouver ce goût du collectif et donner des outils pour y parvenir que l’établissement organise depuis l’an dernier une journée baptisée «Travailler ensemble autrement».

Le projet est né au sein du cluster Travail et organisations, piloté par Fabienne Autier, professeur de management. «Nous sommes partis du constat que la recherche était morcelée. Nous avons identifié des thèmes et fédéré des collectifs transdisciplinaires, explique la responsable. L’autre jambe de ce cluster est un Do Tank. Il s’agit pour nous d’équiper les individus et de leur permettre de mieux vivre au travail en faisant.»

Pas question ici de dire la messe. Tout au long de la journée, les participants sont invités à se remettre en question dans leurs pratiques et leur positionnement à travers de mini exercices. Objectif : tester des outils pour les mettre en œuvre dans son organisation, avec son équipe. «Cet événement est basé sur l’intelligence collective. On veut que les participants comprennent qu’ensemble, on va plus loin, qu'on fait mieux son travail, explique Marion Dumas, professeur de management à l’initiative de la journée. «La vision du leadership était il y a encore quelques années très centrée sur l’individu. Aujourd’hui, elle change et l’approche se veut collective», ajoute Agathe Potel, professeur de leadership et développement personnel et co-conceptrice de l’événement.

Club de dirigeants

Pour bousculer les croyances, des intervenants sont aussi venus témoigner. Comme le philosophe et enseignant Emmanuel Delessert, qui milite pour développer l’acte de confiance plutôt que le sentiment dans l’entreprise. «Faire confiance à quelqu’un, c’est lui donner des clefs pour réussir, même si c’est aussi prendre un risque», rappelle-t-il. Comme Philippe Silberzahn, professeur d’entrepreneuriat, qui explique que tant que les entreprises ne libèreront pas la parole de leurs salariés, elles n’innoveront plus. Comme le paléontologue Pascal Picq, qui rappelle que l'innovation se nourrit de la diversité.

Pour poursuivre la réflexion et la mise en œuvre de ces pratiques, Marion Dumas et Agathe Potel animent aussi un réseau de dirigeants de la région lyonnaise. Sept d’entre eux se retrouvent tous les deux mois pour échanger sur leurs pratiques et miser sur le codéveloppement. «Un patron est souvent seul. Il a besoin de se confronter à d’autres secteurs d’activité, d’autres manières de faire, explique Frédéric Picavet, directeur d’un magasin Leroy Merlin, qui participe au club. On y parle bien-être, bienveillance. On met aussi en pratique de nouvelle façon de travailler. Aujourd’hui, j’attache plus d’importance à la relation avec mes collaborateurs. J’ai désormais l’impression de les guider et non pas de les diriger », confie-t-il.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy