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Le fait religieux en entreprise, de plus en plus complexe à gérer

Entreprise & Carrières | Management | publié le : 21.04.2015 | Emmanuel Franck

Selon un sondage paru le 21 avril, de plus en plus de managers sont confrontés à une forte augmentation du fait religieux « au quotidien ». Les situations se règlent le plus souvent sans difficulté mais la proportion de cas bloquants augmente.

Il n’y a pas d’explosion du fait religieux en entreprise, mais celui-ci se complexifie et pose davantage de problèmes aux managers. C’est ce que constate la 3e étude de l’Observatoire du fait religieux en entreprise (OFRE) et de l’institut Randstad, publiée le 21 avril*. En 2015, la moitié des managers a déjà été confrontée au fait religieux ; un peu plus que l’année dernière (44%). « Ce pourcentage reste stable année après année », souligne Lionel Honoré, professeur des universités et directeur de l’OFRE.

Doublement des manifestations régulières En revanche, ce qui progresse, c’est sa manifestation régulière (quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle) : 23% en 2015 contre 12% en 2014. Les auteurs de l’étude y voient une « banalisation » du fait religieux, les salariés hésitant moins à formuler leurs demandes : absence pour fête religieuse (19%) ; port ostentatoire d’un signe (17% contre 10% en 2014) ; demande d’aménagement du temps de travail (12%), principalement. A noter que quelques managers signalent, pour la première fois, l’intervention de tiers extérieurs à l’entreprise pour soutenir une demande.

Cas bloquants très peu nombreux Dans l’immense majorité des cas, les managers font face sans problème, mais la proportion de cas bloquants augmente : 12% parmi les cadres ayant déjà été confrontés à la question (10% en 2014). Les difficultés surviennent lorsqu’ils sont menacés d’être accusés de racisme, lorsque la légitimité de l’entreprise est remise en cause, quand le salarié refuse de discuter ou lorsque leur propre légitimité est mise en cause. « Le fait religieux semble plus que jamais compliqué à gérer pour les managers, même si, en pratique, les cas réellement bloquants sont toujours très peu nombreux », commente Aline Crépin, directrice de la RSE du groupe Randstad.

Des attentes de la part des managers Pour faire face, les managers ont besoin d’un « cadre décisionnel clair » tant sur le plan du droit national que dans l’entreprise, estiment les auteurs de l’étude. Notons, à ce sujet, que la Cour de justice de l’Union européenne vient d’être saisie de la question de savoir si un client peut exiger l’absence de signe religieux (lire ci-après). Ils ont également besoin de voir leur autorité appuyée lorsqu’elle est remise en cause. C’est la condition pour, éventuellement, négocier.

*Sondage réalisé en ligne entre février et mars 2015 auprès de 1 296 personnes, essentiellement (93%) des cadres dont 30% en RH. L’échantillon comporte 56% de croyants. 

 


Un client peut-il exiger l’absence de signe religieux ?

Le souhait d’un client d’une SSII de ne pas voir les prestations de cette société réalisées par une femme portant le voile islamique peut-il justifier le licenciement de cette dernière ? C’est à cette question que devait répondre la Cour de cassation dans un arrêt du 9 avril 2015. Mais les juges ont préféré renvoyer la question à la Cour de justice de l’union européenne, à qui ils demandent de préciser une directive du 27 novembre 2007. A savoir : le souhait du client constitue-t-il une « exigence professionnelle essentielle et déterminante » ? Réponse dans un an. 


Auteur

  • Emmanuel Franck