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Investir pour préserver la confiance des clients et des salariés

Management | publié le : 22.02.2023 | Gilmar Sequeira Martins

La flambée des coûts – énergie, matières premières, et bientôt l’eau – conduit habituellement à compresser d’autres coûts, en particulier la masse salariale, afin de préserver les marges bénéficiaires, gages d’investissements futurs lorsque la croissance repartira. Contre toute attente, la Conserverie bretonne belle-iloise a choisi d’investir maintenant, quitte à sacrifier ses marges, pour être sûr d’être au rendez-vous avec ses clients et ses salariés.

La conserverie bretonne La belle-iloise a mis le cap sur le futur en empruntant un chemin à contre-courant. À l’heure où les coûts flambent et que recruter devient de plus en plus difficile, la quasi-totalité des dirigeants et dirigeantes d’entreprises ont vu arriver dans leur bureau leur directeur ou directrice financière. Avec un message simple, porté par un rapport truffé de graphiques avec une courbe en décroissance très rapide, celle reflétant la chute de la marge… Inévitablement, nombre d’entre eux ont aussitôt taillé dans les coûts, réduit le recours aux intérimaires et renoncé aux recrutements, avec un objectif clair : comprimer la masse salariale.

La belle-iloise affronte les mêmes difficultés. Fondée en 1932, elle compte aujourd’hui un effectif de 350 salariés, qui peut monter à 600 en haute saison, et subit la très forte hausse des coûts. Le montant des factures va littéralement exploser en 2023 : le chèque pour le gaz va quintupler et celui de l’électricité va tripler. À cela s’ajoute l’augmentation des prix du métal, matière première de l’emballage, mais aussi de l’huile d’olive, ingrédient tout aussi indispensable à la qualité du produit. Pour couronner le tout, La belle-iloise fait aussi face à des difficultés de recrutement… Pour autant, l’entreprise labellisée « Enseigne responsable » lors de son 90e anniversaire n’a pas suivi le chemin de la plupart de ses congénères.

Caroline Hilliet Le Branchu, la petite-fille du fondateur, est à la tête de l’entreprise familiale depuis 2011. Par ailleurs présidente depuis mars 2022 du Club ETI Bretagne, elle a clairement indiqué qu’elle se refusait à réduire le nombre d’emplois ou à passer les salariés au travail de nuit afin de préserver la qualité du produit. Que faire alors ? Elle n’a pas fait mystère de sa stratégie : elle va comprimer la marge et poursuivre les investissements. Manque de lucidité ? Au contraire, la dirigeante affirmer que ce cap va permettre de « sécuriser la fabrication, réduire les charges à moyen et long termes [et] accroître le volume d'affaires ». La belle-iloise compte notamment continuer à mécaniser ses procédés de fabrication afin d’augmenter son offre : elle va notamment consacrer 1,5 million d’euros pour mettre sur pied de nouvelles lignes de production capables de prendre en charge des tâches auparavant effectués par des salariés. Contre toute attente, cette démarche à contre-courant pourrait bien se révéler gagnante puisqu’elle préserve et renforce le lien avec les clients, actuels et futurs, mais aussi celui tissé avec les salariés, actuels et futurs...

Auteur

  • Gilmar Sequeira Martins