L'ancien conseiller social de Manuel Valls atterrit chez Air France en pleine négociation d'un plan de la dernière chance. Une mission à hauts risques pour cet homme de dialogue qui va devoir démontrer que son arrivée n'a rien de politique.

Mi-septembre, lorsqu’a fuité l’arrivée prochaine de Gilles Gateau à la tête des ressources humaines d’Air France, le petit cercle des experts du social avait salué cet acte de bravoure. Rejoindre une compagnie ­aérienne menacée, en pleine restructuration, minée par les conflits sociaux… chapeau ! ­Depuis le 5 octobre, date des exactions commises lors du ­comité central d’entreprise, l’homme a encore changé de stature. Le voici maintenant ­dépeint en héros.

Officiellement, l’ex-directeur de cabinet adjoint de Manuel Valls ne devait prendre ses fonctions que « courant janvier 2016 », après « une prise de contact avec l’entreprise ». Mais l'actualité a précipité le calendrier. Depuis ces dernières semaines, l’ex homme du social à Matignon était déjà en copilotage avec son prédécesseur, Xavier Broseta, qui sera recasé à la direction des RH de la holding début janvier. Un poste autrement moins exposé.

Agé de 56 ans, Gilles Gateau a le parfait pedigree pour le job. Doté d’un carnet d’adresses très étoffé, il a tâté du cabinet ministériel à plusieurs reprises (Aubry, Jospin, Sapin) et travaillé pendant onze ans, de 2001 à 2012, aux RH d’EDF.

Un long parcours au cours duquel il n’a, certes, pas eu à restructurer. Mais où il a refondu la politique de formation et mis en place un accord de RSE au niveau mondial. « L’homme est tout en rondeur, politique et diplomatique, à la recherche du compromis efficace, et persuadé qu’il ne peut y avoir de projet industriel sans projet social », disait de lui, en 2012, le cédétiste Marc Ferron, secrétaire du CE européen du groupe EDF. Des qualités qui lui seront fort utiles pour faire redécoller le social au sein de la compagnie.