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François Nogué, l'homme clé pour maintenir la paix sociale chez Areva

Liaisons Sociales Magazine | Management | publié le : 04.03.2015 | Eric Béal

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D.R.

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Le spécialiste du nucléaire, en très grande difficulté, présente ce mercredi 4 mars son plan pour restaurer sa compétitivité. Au cœur du réacteur, François Nogué, le tout nouveau DRH, qui va devoir gérer les restructurations. Portrait.

Son retour s'annonce agité. François Nogué (59 ans) a pris ses fonctions le 1er mars en remplacement de Véronique Rouzaud. Soit quelques jours avant l'annonce d'un vaste plan de redressement pour restaurer la compétitivité du spécialiste français de l'énergie nucléaire.

Ça tombe bien, le nouveau DRH d’Areva ne découvre ni le secteur ni le groupe. ­Docteur en droit et titulaire d’un diplôme de psychologie clinique, il a commencé sa vie professionnelle chez Framatome, ­l’ancêtre d’Areva. Dix-sept années au cours desquelles il a participé à « l’adaptation du groupe à l’international ».

Bien qu’ancienne, cette connaissance devrait lui permettre d’entrer rapidement dans le vif du sujet. Signe révélateur, François Nogué sera membre du comité exé­cutif, comme il l’était depuis 2006 à la SNCF, où ce spécialiste du dialogue social a présidé à une réduction d’effectif de quelque 25000 postes, sans grèves massives. Un exploit ! Malgré ces circonstances, l’homme a laissé un bon souvenir chez les cheminots. Les syndicalistes le disent courtois, rond et disponible. Un ancien collaborateur proche le dépeint comme un homme de compromis, capable de dé­sa­morcer les tensions.

Nouvelle équipe

Des qualités qui lui seront très utiles chez Areva, en pleine crise ­depuis plusieurs mois. Sa situation financière est terriblement détériorée avec une perte nette annuelle estimée à 4,9 milliards d’euros en 2014. Sur le terrain, les re­tards du chantier du réacteur EPR de Flamanville (Manche) comme sur celui d’Olkiluoto (Finlande) ne se résorbent pas. Après le décès de Luc Oursel, la direction a été entièrement changée, début 2015, avec l’arrivée de Philippe ­Varin, l’ancien patron de PSA, comme président du conseil d'administration et celle de ­Philippe Knoche (ancien numéro deux d’Areva) comme directeur général. « La situation est préoccupante. D’autant plus que Philippe Varin n’a ­jamais hésité à couper dans les effectifs chez PSA », confie Jean-Pierre Bachmann, coordinateur CFDT du groupe.

De son côté, la CGT s’interroge sur la feuille de route du nouveau DRH, à l’aune des rumeurs de départs volontaires et d’accord de compétitivité qui circulent depuis quelques mois. « L’arrivée de ce spécialiste des réductions de postes est un signe inquiétant », souligne Bruno Blanchon, à la Fédération nationale des mines et de l’énergie CGT.

Joueur de clarinette

Pour sa part, François Nogué se dit très motivé par le challenge qui l’attend. « Areva est une belle entreprise qui doit gérer une phase délicate d’adaptation. Dans ces circonstances, le rôle d’un DRH est fondamental. Il doit aider la structure et les salariés à s’adapter, tout en étant le garant des valeurs de l’entreprise. »

Ce joueur de clarinette à ses heures devra ­éviter les fausses notes pour obtenir des concessions de la part des syndicats. Tous soulignent que les salariés ne sont pas ­responsables de la situation et subissent la détérioration de la filière nucléaire. « L’affaire UraMin, le veto de l’État sur une plus grande ouverture du capital, les relations détestables avec EDF qui conduisent à s’interroger sur les préro­gatives de chacun. À l’évidence, l’État n’a pas joué son rôle de premier actionnaire », résume Éric Devy, DS FO. Échaudés par le silence de la di­rection depuis des mois, les élus sont très remontés. François Nogué est ­attendu au tournant.

Auteur

  • Eric Béal