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Fnac et Darty, deux réalités face au travail du dimanche

Liaisons Sociales Magazine | Management | publié le : 01.02.2016 | Eric Béal

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Un accord sur le travail du dimanche vient d'être signé chez Darty Ile-de-France. De son côté, la Fnac peine à faire accepter le sien auprès des syndicats majoritaires. Une illustration de la réalité sociale contrastée des deux enseignes qui doivent fusionner cette année.

Une semaine après la fin de la négociation sur le travail du dimanche à la Fnac, la direction de Darty a obtenu la signature de quatre syndicats, représentant plus de 50% des voix aux dernières élections professionnelles. Daté du 27 janvier, le texte est la conclusion rapide d'une négociation menée tambour battant. De son côté, la direction du distributeur culturel s’apprête à entamer une procédure d’information et consultation des instances et ne présentera le texte à la signature que dans trois mois. Sans grand espoir de faire évoluer la position de la CGT, FO et SUD qui ont déjà déclaré leur intention de faire jouer leur droit d’opposition.

Prime forfaitaire chez Darty

Dès à présent, la comparaison des deux textes met un coup de projecteur sur le rapport de forces entre partenaires sociaux dans chaque enseigne. Ainsi que sur le statut social de leurs salariés. Le texte signé chez Darty Paris Ile-de-France (voir document joint) porte sur le travail en soirée et celui du dimanche. Il accorde une majoration de 100% du salaire brut moyen des 12 derniers mois à partir de 21h. Sans prendre en compte les primes et « éléments de salaire » exceptionnels. Les dimanches travaillés donnent droit à une prime d’un montant brut de 105 euros pour les « employés, ouvriers titulaires », de 145 euros pour les agents de maîtrise et de 195 euros pour les cadres. Avec un jour de repos compensateur.

Le texte affirme fortement le principe du volontariat des salariés et octroie une aide de 50 euros maximum pour les parents qui auraient besoin de faire garder leurs enfants. Il garantit aussi les remboursements éventuels de frais de transport. Des mesures qualifiées de réalistes et financièrement intéressantes par Bernard Bacot, président de l’Union syndicale CFE-CGC de l’audiovisuel.

Salaire à 300% à la Fnac

A la Fnac, les syndicats signataires (CFTC, CFE-CGC et CFDT) se sont battus jusqu’au bout pour améliorer les offres de la direction. Celle-ci offre de payer 200% les 12 dimanches dits « du maire » dont parle la loi Macron et de proposer un jour de récupération dans la semaine. Pour les autres dimanches éventuellement ouverts, l’offre se résume à un doublement du salaire. À quoi s’ajoute la prise en charge d’une partie des frais de garde d’enfant grâce à un chèque Cesu payé à 60% par l’entreprise. Mais aussi l’assurance de deux jours de repos consécutifs pour les employés à temps plein et le remboursement des frais de transport.

Des propositions beaucoup plus intéressantes que celles acceptées par les syndicats majoritaires de Darty. Mais pas suffisantes pour les syndicats contestataires qui s'opposent au travail du dimanche. "Le but des salariés est d’obtenir des augmentations de salaire et une reconnaissance du travail effectué. Pas de travailler les jours de repos", fait-on valoir à SUD. Boris Lacharme, délégué central CGT, ne croit pas à la pérennité des compensations financières. "À part les week-ends de fin d’année, les dimanches ne sont pas rentables pour la Fnac. Le doublement des salaires durera tant que la direction veut occuper le terrain pour tuer le petit commerce, puis elle tiendra un discours alarmiste et demandera aux organisations syndicales de les renégocier."

Le référendum attendu par la direction

Résultat, Darty est assuré de pouvoir ouvrir ses magasins parisiens à moindre frais, alors que la Fnac a peu de chance de faire évoluer la position de ses syndicats majoritaires. Seule porte de sortie pour Alexandre Bompard, le président de l’enseigne culturelle, le projet de référendum auprès des salariés avancé par Myriam El Khomri, la ministre du travail, et Manuel Valls, la semaine dernière. Si celui-ci se concrétise, les syndicats signataires représentant au moins 30% du personnel auront le loisir de demander un référendum auprès des salariés. En cas de vote majoritaire, les mesures seront appliquées. Une perspective qui promet une campagne acharnée ainsi qu’une grosse poussée de fièvre sociale avant le scrutin.

Auteur

  • Eric Béal