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Émery Jacquillat la joue collectif à la Camif

Liaisons Sociales Magazine | Management | publié le : 26.05.2016 | Emmanuelle Souffi

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Acquéreur de la Camif en 2009, l’ex-patron de Matelsom a ressuscité le vépéciste, transformé en spécialiste en ligne du meuble. Il prône un modèle démocratique qui privilégie les relations directes. Et se passe de représentants du personnel.

Le patron de la Camif aime les pieds de nez. Installer la quarantaine de salariés dans une ancienne agence de Pôle emploi de Niort, il fallait oser. Et ne pas être superstitieux. Mais après tout, les collaborateurs l’ont choisi. Comme pour toutes les décisions qui engagent l’avenir de cette marque cinquantenaire, ceux-ci ont en effet voté l’emplacement de leurs nouveaux locaux. On se croirait dans une coopérative ? Peut-être. Mais Émery Jacquillat, le P-DG, n’a pas renoué avec le statut de la glorieuse Camif, créée en 1947 par le fondateur de la Maif.

Une Scop, numéro trois de la vente par correspondance en 2006, mais mise en liquidation judiciaire deux ans plus tard. Puis rachetée par l’actuel patron, en 2009. Un quadra détonnant pour qui les lettres « P-DG » signifient… « prof de gym ». En bon Véronique et Davina du xxie siècle, il pousse ses ouailles à se dépasser pour faire du business, tout en cultivant un militantisme rafraîchissant.

S'ancrer dans le territoire

Quand Émery Jacquillat rachète la Camif pour 1 million d’euros, à la barre du tribunal de commerce, la situation est catastrophique : 100 millions d’euros de passif, 250 000 clients en attente de leur commande et 300 fournisseurs impayés. À Niort, dans les Deux-Sèvres, 568 salariés se retrouvent sur le carreau. À l’époque, le repreneur, qui vend des matelas sur Internet sous l’enseigne Matelsom, rêve d’une nouvelle aventure. Marque mythique, la Camif lui tend les bras.

Sauf que la crise des subprimes complique son tour de ­table. Pour le boucler, il convainc un fonds d’in­­vestissement, Citizen Capital, et la région Poitou-Charentes de Ségolène Royal, qui garantit les prêts. Son discours de proximité, mâtiné de made in France et de capitalisme responsable, fait mouche. « J’étais convaincu que le dossier se jouerait sur le volet social. Si les clients, les fournisseurs, les élus n’avaient pas vu que la ­re­lance de la Camif leur profiterait, ils n’auraient jamais suivi. Le choix de rester à Niort a été déterminant », assure-t-il.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi