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Des étableurs pour insuffler la culture digitale

Liaisons Sociales Magazine | Management | publié le : 15.06.2016 | Anne-Cécile Geoffroy

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Pour accompagner la transformation digitale des entreprises, le cabinet DSides modèle depuis deux ans un nouveau métier : l’étableur. Sa mission ? Aider ses collègues à intégrer le digital dans leur mode de pensée et leur travail.

Imaginé et expérimenté depuis deux ans par le cabinet DSides, le métier d’étableur commence à faire son chemin dans quatre entreprises pionnières : Orange, ERDF, La Banque postale, BNP Paribas. Celles-ci ont ouvert leurs portes à ce dispositif tout neuf dont l’ambition est d’aider à la transformation des entreprises. «En mettant le digital au service de l’humain et du travail, pas l’inverse, prévient d’emblée Olivier Charbonnier, cofondateur de Dsides avec Sandra Enlart, par ailleurs directrice générale d’Entreprise et Personnel. Nous sommes convaincus que les organisations bougeront, se transformeront par le bas et de façon horizontale.»

Réseau d'entraide

Et c’est là toute la mission des étableurs, un nom qui sonne comme une référence aux établis des artisans. Salariés volontaires, ceux-ci se mettent à la disposition de leurs collègues quelques heures par semaine pour leur donner un coup de main sur un projet, repenser et apporter un œil neuf sur un process, proposer des activités… «Nous sommes un réseau social humain. 130 salariés de différents sites du groupe viennent en aide aux autres, résume Gabrielle Stypak, chef de projet RH et étableur chez Orange. Lorsque je présente ce métier dans les comités de direction ou auprès des équipes, je parle plus d’entraide que d’outils digitaux. L’idée est d’aider à la mise en relation de personnes pour que la montée en compétence se fasse petit à petit. Nous sommes là pour accompagner en douceur. »

Pour Olivier Charbonnier, l’enjeu de l’étableur est en effet de «faire comprendre que le digital n’est pas seulement une question d’outils mais surtout d’état d’esprit et de posture. Le réseau de salariés volontaires permet de sortir de l’isolement que le travail et les écrans peuvent créer.» Oser demander de l’aide à un collègue, accepter de ne pas savoir, collaborer, se tromper, recommencer… Autant de postures que managers et salariés ne s'autorisent guère. «Grâce à ce métier, on développe une culture du droit à l’erreur qui ne va pas de soi dans l’entreprise», ajoute Olivier Charbonnier.

S'aérer l'esprit

Chez Orange, les étableurs ont multiplié les projets. Ils ont par exemple mis au point des learning expeditions pour les responsables d'un service RH. L’idée ? Leur faire visiter des start-up, des espaces de coworking pour observer d’autres organisations de travail et s’aérer l’esprit. «Nous avons également été sollicités par une équipe qui voulait apprendre à «pitcher» des projets pour rendre leur présentation plus efficace», ajoute Gabrielle Stypak.

Pour installer ce nouveau métier et l’étendre à d’autres entreprises, Dsides a mis sur pied une communauté d’étableurs interentreprises. Elle travaille à consolider et faire reconnaître ce métier et en a dressé le profil à travers un précis mis en ligne le 15 juin. Un enjeu important car ce nouveau métier est contre-culturel pour les entreprises. «La première difficulté est d’amener ses collègues à engager la discussion sur la façon dont ils pourraient travailler différemment. Il est aussi nécessaire que le manager soit convaincu par la démarche pour accorder du temps à son équipe», indique Olivier Charbonnier. Sans parler de la résistance des organisations comme des salariés à prendre des chemins de traverse pour repenser le travail.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy