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Emploi des jeunes: le gouvernement met 6,5 milliards sur la table

Gestion de l'emploi | publié le : 24.07.2020 |

Nouvelles aides à l’embauche et à la formation, retour massif des contrats aidés, mobilisation exceptionnelle du plan d’investissement dans les compétences… le ministère du Travail a détaillé, le 23 juillet, le plan d’aide d’urgence à l’emploi des jeunes qui constitue le premier volet du grand plan de relance de l’emploi et de l’économie. Pour financer cette série de mesures destinées aux 16-25 ans, l’exécutif a débloqué une enveloppe de 6,5 milliards pour la séquence 2020 – 2021. Objectif : éviter aux 750 000 jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi en septembre de se retrouver le bec dans l’eau.  

 

Avis de tempête sur l’emploi des jeunes. Selon les premières estimations du ministère du Travail, les services de Pôle Emploi s’attendent à une recrudescence d’inscriptions chez les 16 – 25 ans d’ici à la fin de l’année. « On pourrait en compter jusqu’à 250 000 de plus qu’en 2019 et les premières inscriptions de masse sont déjà recensées… » soupire-t-on dans l’entourage d’Elisabeth Borne, la nouvelle locataire de l'hôtel du Châtelet. Pour faire face à l’urgence, l’exécutif a mis la main à la poche : 6,5 milliards d’euros ont été programmés pour financer le plan « 1 jeune, 1 emploi » qui doit juguler la hausse du chômage chez les jeunes. Pour le ministère, ce plan doit constituer « un effort massif, global, fort et diversifié » en direction des jeunes.  

 

450 000 recrutements prévus grâce à la nouvelle aide à l'embauche

 

Mesure-phare du plan : une aide de 4000 euros versée aux entreprises qui s’engagent à embaucher un jeune de mois de 26 ans soit en CDI, soit en CDD d’une durée minimale de 3 mois. Soit quasiment une année d’exemption de cotisations patronales pour l’employeur. L’aide, que le ministère désigne comme une « compensation de cotisations », devait initialement concerner les salaires jusqu’à 1,6 SMIC. Elle sera portée à l’équivalent de 2 SMIC pour répondre à une requête du Medef et sera valable pour tout contrat de travail signé entre le 1er août et le 1er janvier 2021. La « compensation » sera versée trimestriellement aux entreprises par tranches de 1000 euros et représentera un coût global de 3,5 milliards dans l’enveloppe générale du plan. Selon les prévisions de la rue de Grenelle, 450 000 embauches devraient être signées grâce à cette aide nouvelle. Ce coup de pouce s’ajoute aux aides à l’embauche d’apprentis et de contrats de professionnalisation instaurées en juin sous le ministère de Muriel Pénicaud, à savoir des primes de 5000 euros pour un mineur et 8000 pour un majeur. Initialement, cette aide se limitait aux formations du CAP au Bac + 3, mais la commission mixte paritaire chargée de l’examen du troisième Projet de loi de finances rectificative (PLFR) vient de faire sauter ce verrou au Parlement. Désormais, les formations niveau Masters et Masters 2 seront aussi éligibles à ces financements. Par ailleurs, les entreprises de plus de 250 salariés qui devaient maintenir un seuil minimal de 5% d'alternants dans leurs effectifs devront toujours s'astreindre à cette limitation, mais pourront désormais le faire de façon progressive, lissée sur plusieurs années.

 

200 000 formations supplémentaires pour les jeunes

 

Deuxième volet du plan : un coup de pouce massif à la formation de 200 000 jeunes supplémentaires vers les métiers et les filières d’avenir (transition écologique, numérique, soins et santé, etc.) Ces mesures prendront la forme de 100 000 formations financées en 2020 et 2021 au titre du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) par l’Etat et les Régions; mais aussi d'abondements supplémentaires au compte personnel de formation (CPF) des jeunes de 16 à 25 ans qui choisiraient une formation aux métiers d’avenir qu’il appartiendra à la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) et aux Régions d’identifier (sur le seul plan sanitaire, 5000 formations d’infirmiers et 10 000 d’aides-soignants ont d'ores et déjà été retenues pour bénéficier de ces abondements supplémentaires). En outre seront ouverts 35 000 parcours d’accompagnement pour les jeunes décrocheurs de 16 à 18 ans réalisés par l’AFPA;  15 000 formations à la certification CléA Numérique et 20 000 formations aux métiers digitaux assurées via les établissements labellisés « Grande école du numérique ». Total de la facture : 1,5 milliard même si le détail précis des dépenses n’est pas encore déterminé.    

 

Le retour des contrats aidés

 

Enfin, le plan renoue avec la tradition des contrats aidés. 300 000  « parcours d'insertion personnalisés » seront mis en oeuvre sur 2020 et 2021 pour un montant d'1,5 milliard d'euros. Le gouvernement a ainsi prévu de déployer 60 000 Parcours emploi-compétences (PEC), ces contrats qui, depuis 2018, remplacent les emplois aidés dans le secteur associatifs. S'y ajouteront 135 000 contrats dans le secteur de l'Insertion par l'activité économique (soit 35 000 de plus que les 100 000 initialement budgétés) sur la période 2020 - 2021, 150 000 programmes de Garantie Jeunes (+50 000) assurés par les missions locales, 80 000 nouveaux Parcours d'accompagnement adapté vers l'emploi et l'autonomie (PACEA) et 140 000 prestations d'Accompagnement intensif des jeunes (AIJ) assurées par Pôle Emploi (+ 40 000)

 

Le secteur marchand devrait aussi profiter de ce regain des contrats aidés avec un développement des contrats uniques d'insertion (CIE). La subvention à la rémunération des jeunes (égale à 47% du salaire) sera maintenue en l’état, mais sur un périmètre d’entreprises plus étendu. « Cela ne devrait pas se traduire par un nombre conséquent de contrats suplémentaires, mais pour des jeunes, il peut s'agir de la première rencontre avec l'emploi et nous ne devons pas la négliger  », explique-t-on au cabinet du ministère du Travail.

 

Au ministère on ne détaille pour l’instant pas le montant des enveloppes dédiées à chaque pôle de dépenses, mais on assure que « les partenaires engagés (Missions locales, Pôle Emploi, entreprises de l’ESS, etc.) dispseront des moyens financiers et humains pour réaliser ces objectifs ».  

 

Une première série de mesure doit entrer en vigueur dès septembre. Quant au pilotage des différents volets du plan, il repose sur plusieurs concertations menées actuellement par Elisabeth Borne avec les partenaires concernés (collectivités territoriales, partenaires sociaux…) dont les résultats devraient être connus d’ici la fin de semaine prochaine.