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« La prime Covid n'est pas l'alpha et l'omega de la reconnaissance» (Entreprise et Personnel)

Remunération globale | publié le : 19.03.2021 | Lys Zohin

Frédéric Guzy, directeur général d'Entreprise & Personnel, détaille les avantages et les limites de la nouvelle prime Covid.
La mise en place de primes exceptionnelles – comme la nouvelle prime Covid – est-elle une bonne façon de reconnaître la mobilisation des collaborateurs depuis un an ?
Frédéric Guzy : Évidemment, c'est toujours bien perçu par les collaborateurs quand leur entreprise verse une prime pour montrer sa reconnaissance. Si la prime de 1000 euros exonérée d'impôts et de cotisations sociales s'adresse à l'ensemble des salariés, l'idée est toutefois de la centrer sur les niveaux de revenus des travailleurs de deuxième ligne, avec un plafond de salaire qui peut encore faire l'objet d'une négociation avec les partenaires sociaux pour en déterminer le niveau. Pour les primes précédentes, il avait été fixé à trois fois le Smic. Or pour ces bas salaires, la nouvelle prime pourrait représenter un coup de pouce non négligeable, surtout pour les dépenses du quotidien. Je note également que la prime peut monter à 2000 euros, à condition pour l'entreprise d'avoir conclu un accord d'intéressement d'ici la fin de l'année ou d'avoir ouvert une négociation sur la valorisation des métiers de deuxième ligne ou d'appartenir à l'une des quinze branches professionnelles regroupant ces métiers où un accord de valorisation aura été signé. Les discussions, qui doivent s'ouvrir début mai dans ces branches, sont encore loin d'avoir abouti. Mais cette conditionnalité est intéressante, car elle limite ce qu'on pourrait appeler les effets d'aubaine, autrement dit, des entreprises qui auraient versé des primes de toute façon mais profiteraient de la défiscalisation. Toutefois, cette conditionnalité a ses limites. Ainsi, ouvrir une négociation dans une entreprise ne signifie pas aboutir...

Les entreprises, dont certaines sont en grande difficulté, vont-elles, selon vous, jouer le jeu ?
F. G. : Il est clair que certaines, même si elles le veulent, ne pourront pas le faire. Mais de toute façon, cette prime n'est pas l'alpha et l'omega de la reconnaissance et les enjeux sont ailleurs. La crise a mis en lumière la question de la sous-valorisation de certains métiers. C'est avant tout sur cet aspect qu'il faut travailler, de même que sur l'employabilité des salariés.
Quels sont, dans ces conditions, les autres outils à disposition des entreprises ?
F. G. : Leurs actions doivent passer par le dialogue social et la mise en place de solutions qui impactent le quotidien et l'avenir des salariés : accords sur le télétravail, la qualité de vie au travail, sans oublier les formations pour un management extrêmement sollicité, mais surtout mise en œuvre de nouvelles classifications des métiers et d'accords de mobilité et de parcours professionnels. Pour que les salariés aient confiance, il faut les accompagner dans leur présent et leur avenir et accroître leur employabilité et leurs possibilités d'évolution professionnelle. Les entreprises doivent absolument investir dans ces domaines, compte tenu de la situation actuelle sur le marché de l'emploi et de la transformation profonde de certains secteurs qui connaîtront forcément des destructions d'emplois mais verront émerger de nouvelles opportunités.

 

 

Auteur

  • Lys Zohin