On ne formera plus les RH en sortie de crise comme on les formait hier. C’est la conviction de Paùlo-Antonio Lopes, directeur de la filière ressources humaines au sein du groupe IGS. Selon lui, les formations de demain offriront davantage de place au distanciel et à la modulation des cursus. Entretien.

Comment la fonction RH est-elle sortie de la pandémie ?

Paùlo-Antonio Lopes : l’environnement RH a été profondément bousculé par la crise Covid : la fonction ressources humaines s’est retrouvée en première ligne pour faire face aux nombreuses problématiques liées à la pandémie, à la généralisation du travail à distance et son management et de manière plus générale à l’hybridation de travail et des organisations. Ces évolutions, qui étaient déjà en gestation, ont explosé, accélérant ainsi la transformation des compétences RH de cinq ou dix ans. Nous l’avons constaté nous-mêmes : les équipes RH ont à la fois moins de temps pour se former compte tenu des urgences à traiter et plus de besoins compte tenu de la complexité des enjeux : santé, télétravail, compétences, flexibilité, digitalisation... Il y a deux ans, l’IGS a créé pour deux de ses titres phares ("Responsable Gestion des RH : rôle opérationnel" et "Management des RH : rôle stratégique") une version Digital Learning Accompagné (mix auto-formation et coaching individualisé). Nous avons été bien inspirés puisque ces deux cursus qui avaient démarré tranquillement ont enregistré une croissance de 400 %, soit 50 % de nos stagiaires en 2020 ! Ils y ont trouvé des parcours adaptés en matière de rythme, de modalité et d’accessibilité (à distance et asynchrone). Ce qui permet d’adapter leur apprentissage à leurs besoins concrets et leur cadre de vie. Nous avons d’ailleurs remarqué que la majorité des inscrits se formait hors temps de travail. En 2022, deux titres supplémentaires ("gestionnaire de paie" et "chargés de ressources humaines") seront aussi accessibles en Digital Learning Accompagné.

Quelles sont les nouvelles compétences dont doit s’emparer la fonction RH dans l’après-crise ?

P-A.L : La crise a renforcé des enjeux de dialogue social, de santé, de QVT. Elle a aussi accéléré la digitalisation des activités humaines, ce qui renforce le rôle d’accompagnement des transformations technologiques et sociétales de la DRH. Le monde du travail était déjà en cours d’hybridation présentiel/distanciel, la pandémie a boosté cette tendance. Les entreprises ne peuvent plus aborder cette réalité avec des fonctionnements descendants ou des SIRH vieux de vingt ans ! Il faut fournir des applications simples, intégrées et adaptées à chaque communauté "d’utilise-acteur" : collaborateurs, managers, partenaires, etc. La formation, le recrutement, le travail collaboratif, la Data RH connaissent une digitalisation accrue.

Quels sont les projets de l’IGS pour adapter ses formations au « nouveau monde RH » qui s’ouvre ?

P-A.L : L’évolution vers des formations courtes et thématiques. Le temps et le choix sont devenus des valeurs suprêmes. On le voit avec le télétravail qui a replacé la question du temps de trajet au cœur des préoccupations des salariés. La formation suit le même schéma : le contexte incertain et complexe rend difficile la planification de parcours à horizon de douze mois. Le paradoxe de la communauté RH, c’est qu’elle doit se perfectionner sans cesse et dispose de peu de temps pour se former. Elle a tendance à choisir sa formation par blocs de compétences et à étaler l’obtention d’un titre dans le temps. C’est un modèle vers lequel nous tendons : le découpage des titres en blocs thématiques (leadership et accompagnement des transformations, management des compétences, communication, dialogue social dans un monde hybride, Digitalisation, Data RH…). Nous complétons également notre offre par des formations courtes et très opérationnelles centrées sur les besoins des équipes RH en "intra-entreprise".