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L'Observatoire social de l'entreprise fait ressortir une union sacrée, mais fragile, entre salariés et direction

GRH - Gestion des ressources humaines | publié le : 30.06.2020 | Lys Zohin

75 % des salariés considèrent que leur entreprise a bien géré la période du confinement.

Crédit photo Prostock-studio/AdobeStock

Réalisé par Ipsos et Cesi, réseau de 25 campus d’enseignement supérieur et de formation professionnelle, l’Observatoire social de l’entreprise est un baromètre régulier du moral des chefs d’entreprise et des salariés du privé. La quatorzième vague, réalisée du 19 mai au 10 juin 2020, auprès de 400 chefs d’entreprise et 1 000 salariés, met logiquement en lumière la brutalité de l’impact de la crise mais aussi l’état d’esprit des acteurs dans l’entreprise. Premier enseignement : l’enquête révèle une grande compréhension des salariés et une situation relativement apaisée dans les entreprises. Ainsi, les collaborateurs considèrent majoritairement que leur entreprise a bien géré la période du confinement (75 %), ainsi que celle du déconfinement (71 %). Cela dit, près d’un quart des salariés considèrent quand même que leur dirigeant n’a pas fait ce qu’il fallait face à la situation (23 %)… Dans ce contexte difficile, les conditions de travail n’ont jamais été autant citées (22 %), en particulier par ceux qui anticipent une hausse d’activité dans leur entreprise (26 %) et par ceux qui télétravaillent tous les jours ou presque (24 %). « Il est probable que pour un certain nombre de salariés qui ont été confinés et ont appris à travailler différemment, le sujet des conditions de travail risque de devenir un peu plus important », précise l’Observatoire. En outre, le niveau de salaire reste une préoccupation forte (25 %), mais marque le pas face à la peur de perdre son emploi.

Pour l’heure, 87 % des chefs d’entreprise jugent favorablement la situation en interne et le climat social dans leur entreprise. En outre, 85 % d’entre eux considèrent que l’adhésion des salariés aux grandes orientations prises par la direction est bien présente. De même, les relations entre les salariés et leurs supérieurs hiérarchiques directs sont jugées très favorablement (94 %) par la direction. Si les salariés sont un peu moins positifs que les chefs d’entreprise, ils sont toutefois une majorité à considérer que la situation est bonne, sur le climat social en général (60 %), l’adhésion des salariés aux grandes orientations de l’entreprise (56 %) et les rémunérations (51 %). Sur ce dernier point, « les velléités d’augmentation sont sans doute minorées par la conscience de la difficulté de la situation dans laquelle se trouvent les entreprises », avancent les experts de l’Observatoire.

Deuxième enseignement : un an après la modification du Code civil pour consacrer notamment la notion d’intérêt social de l’entreprise, et au lendemain d’une période de confinement qui a été une occasion d’introspection pour beaucoup de salariés, un dirigeant sur quatre n’a toujours pas prévu de réfléchir au sein de son entreprise sur la manière dont il peut contribuer à donner le sentiment à ses salariés d’être utiles aux autres (25 % ne l’ont pas fait et n’envisagent pas de le faire) ou de donner un sens à leur travail (23 %). Au point que les experts de l’Observatoire préviennent : « L’urgence sanitaire et économique ne doit pas éclipser l’impérieuse nécessité de donner du sens au travail. Cette autre urgence, rendue encore plus évidente dans une période exceptionnelle où l’on a célébré – et révélé – l’utilité sociale de toute une série de professions aujourd’hui en quête de reconnaissance financière et sociale durable, a en effet provoqué ou accéléré la quête de sens de nombreux salariés, face auxquels les entreprises ne peuvent rester sans réponse. Il s’agit donc pour elles de donner sens à l’action de leurs collaborateurs, un objectif au cœur de la loi Pacte. »

Troisième enseignement : tant que le maintien de l’emploi est assuré, l’union sacrée devrait perdurer, mais les craintes sont bien là et assez fortes. De fait, le maintien de l’emploi est désormais la principale préoccupation des salariés : 30 % le citent en premier. L’inquiétude est particulièrement forte chez les 50 ans et plus (39 % citent le maintien de leur emploi en premier), les salariés de l’industrie (38 %), des TPE (36 % dans les entreprises de moins de dix salariés). Cependant, les collaborateurs veulent y croire et anticipent une reprise économique rapide : 67 % pensent qu’elle interviendra dans moins de six mois. En revanche, les chefs d’entreprise se montrent plus inquiets : ils ne sont que 39 % (soit tout de même +21 points par rapport à août 2009, au lendemain de la précédente crise économique et financière) à anticiper une reprise d’ici moins de six mois – et plus d’un sur quatre (26 %) n’envisage pas de reprise avant au moins un an. De même, les chefs d’entreprise sont pessimistes quant à l’évolution de leur activité, bien plus, d’ailleurs, qu’après la crise de 2008 : 54 % d’entre eux anticipent une baisse d’activité (en hausse spectaculaire de 40 points par rapport à octobre 2018, et de 20 points par rapport à 2009), 33 % une stabilité et 12 % seulement une hausse d’activité. Les entreprises de 250 salariés et plus et celles évoluant dans le secteur industriel tablent encore plus fréquemment sur une baisse d’activité (respectivement 61 % et 58 %). 

Auteur

  • Lys Zohin