À l'occasion du lancement, le 31 mai, de sa nouvelle campagne de recrutement (4.000 postes à pourvoir sur 50 métiers), la Marine Nationale entend renforcer sa marque employeur. Le lieutenant de vaisseau Étienne Baggio, responsable marketing RH de la Marine Nationale, fait le point sur les dispositifs emploi-formation-gestion des carrières.
Quelle est la politique de recrutement et de formation de la Marine?
Étienne Baggio : La Marine Nationale compte 39.000 marins, avec un taux de renouvellement très important de ses effectifs chaque année de 10 %. La baisse des effectifs que nous connaissions depuis quelques dizaines d’années s’est inversée voici moins de deux ans, avec une augmentation de nos effectifs. En 2020, nous avons atteint nos objectifs annuels avec 4.000 nouvelles recrues (les années précédentes nous étions autour des 3.500- 3.800). Peut-être y a-t-il eu un « effet Covid » qui s’est traduit par la fermeture de plusieurs portes pour les jeunes en sortie d’études, ce qui a pu les pousser à candidater dans les Armées ? Je ne pourrai le dire, nous le saurons sans doute lorsque nous aurons davantage de recul sur la situation. Toujours est-il que le recrutement se fait tout au long de l’année, avec plusieurs sessions d’intégration au sein de nos quatre écoles (école navale pour les officiers, maistrance pour les officiers mariniers, école des matelots, école des mousses pour les marins). Ce recrutement est constant à l’image de notre activité opérationnelle permanente sur tous les océans du monde. Un équipage d’un navire de guerre peut regrouper une quarantaine de métiers : cuisinier, spécialiste des opérations, logisticien, technicien nucléaire, comptable, détecteur… Un navire est un écosystème RH à part entière.
Quel est le profil de vos recrues ?
E .B. : Le recrutement dans la Marine se fait sans déterminisme académique. 80 % de nos recrues sont des bacheliers, d’une moyenne d’âge de 21 ans que nous formons ensuite à un métier dans nos écoles. La formation en école peut aller d’un mois pour des matelots à un ou deux ans pour des sous-officiers. Un élément méconnu : les engagés sont rémunérés environ 1.200 euros par mois durant leur formation en école, pendant laquelle ils apprennent certes le métier de marin et de militaire, mais se forment aussi à une expertise technique et sortent avec un brevet qualifiant. Par ailleurs, étant donné que les carrières durent en moyenne une quinzaine d’années, la Marine assure également la formation continue de ses personnels. Nous avons l’habitude de dire que « chez nous, il n’existe pas de droit à la formation, mais un devoir de formation ». Il n’est pas rare de rencontrer des marins ayant exercé trois ou quatre métiers durant leur carrière.
Comment gérez-vous la reconversion des anciens marins de retour à la vie civile après leur carrière ?
E. B. : Plus de 90% des marins retrouvent un emploi la première année après leur engagement sous les drapeaux. Chaque année, la Marine délivre 3.000 VAE pour permettre à ses personnels d’obtenir une équivalence reconnue dans le civil aux compétences acquises durant la carrière. S’y ajoutent un accompagnement spécifique pour les carrières longues (plus de dix ans), afin d’aider les marins à reprendre pied avec le monde de l’entreprise, ainsi que des formations et un accompagnement complémentaires si besoin. Il arrive que nous mettions en place des dispositifs de passerelles avec certaines entreprises ou branches intéressées par les profils d’anciens marins (comme le nucléaire, ou le monde maritime). Ce n’est pas systématique : nous privilégions un accompagnement personnalisé dans le processus de reconversion.