Le plan d'urgence est prêt à être officiellement lancé ce 1er mars. Les régions assureront le pilotage d'un projet dont l'ampleur complexifie la mise en route.
Faire oublier le fiasco de l’avant-projet de loi El Khomri. Le gouvernement compte sur le déploiement rapide et utile du plan d’urgence dit des 500 000 formations supplémentaires. Lancement officiel par la ministre du Travail et sa secrétaire d’Etat à la formation professionnelle le 1er mars 2016, après les derniers arbitrages et réglages lors de la réunion quadripartite avec les régions et les partenaires sociaux la veille.
L’objectif est de plus que doubler le nombre de demandeurs formés. Sauf que personne au ministère n'est capable d'en donner un chiffre précis. Selon Pôle emploi en 2015, 470 000 formations ont été prescrites par l’opérateur public. En 2014, le chiffre était de 200 709. Une belle bascule qui, au fond, ne dit rien du nombre précis des chômeurs envoyés en stage: une action de formation peut être dédiée à un individu déjà formé la même année ou concerner plusieurs personnes dans le cadre d'une préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC). Face à ce flou, le ministère assure finalement vouloir financer 500 000 actions de formation et non plus former 500 000 chômeurs. Une précision de taille au moment du top départ !
Stages à remplir
Reste que, au-delà des chiffres, c’est la mise en œuvre opérationnelle qui pose question. Selon le ministère du Travail, les premières formations dans le cadre du plan d’urgence doivent débuter à partir du 31 mars 2016. « Le premier objectif est de saturer les marchés actuels », dit-on rue de Grenelle. Manière implicite de reconnaître la problématique des places vacantes dans les organismes de formation financées par les pouvoirs publics. Exemple à l’Afpa où, reconnaissait son président en janvier 2016, la marge pour remplir les stages est de 15% à 20%...
Le ministère reconnaît aisément que l’effort budgétaire d’un milliard d’euros ne sera rien sans la volonté des publics visés – chômeurs de longue durée, peu ou pas qualifiés – d’entrer en formation. Le rôle de Pôle emploi dans ce projet d’envergure va donc être crucial en terme d’accompagnement, tout comme le sera celui des missions locales ou des Cap Emploi (qui suivent les demandeurs d’emplois présentant un handicap).
Les régions à la barre
« On espère réussir notre coup », dit-on à l’hôtel du Châtelet, chez Myriam El Khomry. Une réussite qu’il va falloir provoquer avec tous les acteurs tant la mise en œuvre est complexe. Un tableau de bord précis a été discuté avec les partenaires du projet recensant par régions « les clés de répartitions » du financement de l’Etat sur chaque territoire (métiers en tensions, demandeurs d’emplois avec besoins de qualifications, chômeurs longue durée…).
La condition sine qua none, selon le ministère, étant que chaque région reconduise a minima son engagement financier de 2015 sur la formation professionnelle. Ce qui, dans la bouche de l'Association des régions de France (ARF), revient à dire : "Compenser tout effort supplémentaire".
Des accords régionaux
Philippe Richert, président de l'ARF, se réjouit de cet accord final avec l'Etat, rappelant la baisse de dotations pour 2016 de plus de 400 millions d'euros. "Aujourd'hui, je peux dire que les régions vont entrer dans le jeu, la situation de l'emploi étant catastrophique", explique-t-il. Avec, à la clé, le pilotage total du plan, dans chaque région, avec des accords à passer avec Pôle emploi notamment. Où ce mode de gouvernance fait quelque peu grincer des dents...
L'ARF, d'ailleurs, se fait un plaisir de rappeler à l'ordre les services de l'Etat dans cette nouvelle configuration : "Dans certaines régions, les Direccte transmettait leurs analyses des besoins seulement à Paris, ce qui n'est plus du tout souhaitable", note Philippe Richert. Qui devient, de fait, le grand coordonateur du plan Hollande.
