Co-auteur d'une étude sur la formation des seniors, le directeur du pôle de recherche en économie de l’Edhec propose de réserver des financements pour les 50-55 ans afin d'améliorer leur employabilité.

Que constatez-vous en matière de formation des seniors ?

Nous observons une forte chute de l’accès à la formation à partir de 50 ans. De 30% avant cet âge, le taux descend à 20% à 55 ans et continue à décroitre rapidement ensuite. Ce décrochage de l’accès à la formation continue s'accentue à mesure que se rapproche l’horizon de la retraite. Ce phénomène est rationnel du point de vue de l’employeur au regard des coûts et du manque de retour sur investissement. Mais il pose un véritable problème en matière d’employabilité de ce public. Et de retour à l’emploi lorsqu’il y a chômage.

Que préconisez-vous pour y remédier ?

Nous évaluons à 3 milliards d’euros la somme à mobiliser pour mieux former les seniors, en concentrant les actions de formation sur la tranche d’âge de 50 à 55 ans. L’effort financier à faire reste faible car, aujourd’hui, les plus de 50 ans captent environ 2,5 milliards des fonds privés de la formation. Tout le monde s’y retrouverait. D’un côté, cela améliorerait la qualification moyenne des seniors qui deviendraient ainsi plus productifs au sein des entreprises. De l'autre, cela réduirait significativement la durée de recherche d'emploi en cas de chômage.

Comment mettre en œuvre une telle politique de formation ciblée vers les seniors ?

Tout d’abord, il convient de faire de la pédagogie auprès des entreprises pour faire accepter une telle mesure. A défaut d’un cadre législatif réellement coercitif, les Opca pourrait jouer un rôle pivot en réservant et orientant une partie des fonds mutualisés vers les salariés les plus âgés.