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"Nous avons un enjeu à faire connaître le compte personnel de formation en entreprise"

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 01.06.2016 | Manuel Jardinaud et Anne-Cécile Geoffroy

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Chargée de mettre en musique les politiques publiques d'emploi et de formation, Carine Chevrier estime que le CPF doit encore trouver sa place auprès des salariés. Elle reconnait que la généralisation de la garantie jeunes, qui rencontre son public, déstabilise un peu les missions locales.

Où en est le déploiement du compte personnel de formation ?

L’année 2016 est vraiment celle de la mise en place du CPF. Les comptes de tous les actifs sont aujourd’hui alimentés. Chacun peut accéder à son droit à la formation. Aujourd’hui 12 500 formations qualifiantes et certifiantes sont éligibles. Plus de 387 000 dossiers ont été validés dont 291 754 pour des demandeurs d’emploi. Les salariés se sont progressivement emparés du dispositif avec 95 000 formations validées dans le cadre de leur CPF. L’urgence sociale imposait au service public de l’emploi de se mobiliser à travers le conseil en évolution professionnelle – CEP – et de permettre aux demandeurs d’emploi d’utiliser ce droit pour accéder à des formations qualifiantes. Nous avons enregistré plus de 732 195 CEP fin 2015. À cette date, 13 % d’entre eux ont été réalisés par le réseau des Fongecif pour les salariés. Nous avons donc un enjeu à faire connaître le CPF en entreprise et un gros travail à fournir auprès des DRH, en particulier sur l’articulation entre le plan de formation et ce nouveau droit du salarié.

Comment faire monter en puissance le conseil en évolution professionnelle que très peu d’actifs connaissent encore ?

L’un de nos axes de travail majeur est de faire monter en compétence les conseillers et de professionnaliser les réseaux en charge du CEP. Il faut aussi améliorer l’homogénéisation de l’offre de service. Nous avons relancé les groupes de travail autour de ce dispositif. Déjà Pôle emploi, les Fongecif et l’Apec sont en ordre de marche. Sont en cours de mobilisation les Cap emploi et, surtout, les missions locales qui suivent près d’1,5 millions de jeunes.

CEP, garantie jeunes, contrat d’insertion dans la vie sociale (Civis)… Est-ce que vous n’en demandez pas trop aux missions locales ?

Le CEP est une bonne réponse pour structurer leur offre de service global. Mais il est vrai que le déploiement de tous ces outils a été très mobilisateur. La ministre a ainsi souhaité confier à l’Inspection générale des affaires sociales – l’Igas – une étude sur l’adéquation entre les missions et les moyens de ces 447 structures. Le rapport est attendu pour fin septembre ou début octobre, avec un bilan intermédiaire au mois de juillet.

Quel est le premier bilan de la généralisation de la garantie jeunes ?

D’abord j’aimerais dire qu’il s’agit d’un très beau dispositif qui change des approches classiques et linéaires de l’accompagnement. Avec la garantie jeunes, on commence par le retour à l’emploi puis on fait un bilan pour avancer au mieux. Les premiers enseignements montrent que nous ciblons les bons publics : 80 % sont très peu ou pas qualifiés, 21 % résident  dans un quartier prioritaire de la politique de la ville et 18 % n’étaient même pas connus des missions locales auparavant et ont été orientés par l’aide sociale à l’enfance, la protection de la jeunesse ou des centres d'hébergement.

Combien de personnes comptez-vous accompagner via la garantie jeunes ?

Nous tablons sur 150 000 d’ici 2017 et déjà 105 000 d’ici à la fin de l’année. Déjà 80 % des missions locales sont impliquées auprès de 55 000 jeunes. L’Etat verse 1 600 euros par personne suivie. Si la mission locale respecte les objectifs quantitatifs qui lui ont été fixés, elle touche 70 % de la somme, 20% du forfait en fonction du taux d’accès à l’autonomie des jeunes par l’emploi, la formation, la création d’entreprise en particulier et 10 % encore si les actions de reporting sont réalisées. Ce mode de financement est très innovant pour ces acteurs. Il demande un temps d’appropriation. La mission de l’Igas aidera à ajuster ce nouveau cadre financier.

Vous suivez aussi la politique de l’apprentissage. Que faut-il faire pour qu’il se développe enfin ? 

C’est une compétence des régions qui sont bien engagées sur le sujet. Entre juillet 2015 et juin 2016, on constate une hausse du nombre d’apprentis de 4,8 %. Nous sommes également attentifs à l’aide accordée aux TPE pour le recrutement d’un jeune apprenti. Nous savons déjà que le taux de recours est de 80 %. L’un des premiers enjeux est aujourd'hui de stabiliser le cadre juridique et financier de l’apprentissage, mais aussi d’insuffler un changement culturel. L’ouverture des titres professionnels du ministère en charge du Travail à l’apprentissage va dans le bon sens.

Pourquoi ?

Elle permet de valoriser des certifications professionnelles et de mobiliser les centres de formation d’apprentis tout au long de l’année. Les entrées en apprentissage ne se feront pas qu’au moment de la rentrée scolaire mais au moins deux à trois fois par an. En outre, les régions pourront sélectionner parmi 30 à 40 titres en fonction de leurs besoins territoriaux.

Auteur

  • Manuel Jardinaud et Anne-Cécile Geoffroy