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"Dire que l'apprentissage est le remède pour l'emploi est un raccourci"

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 24.09.2015 | Manuel Jardinaud

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Alors que le Céreq publie une étude sur le devenir de la génération sortie des études en 2010, le chercheur invite à relativiser les bienfaits de l'apprentissage dans l'enseignement supérieur.

Quels enseignements pour l'apprentissage peut-on tirer de la nouvelle étude du Céreq ?
La part des apprentis parmi les sortants de l’enseignement supérieur est en très nette progression. Elle est de 12 % pour la génération 2010 contre 7,5 % pour celle de 2004. Cette augmentation est particulièrement nette pour les grandes écoles. Depuis 2004, le nombre d’apprentis a été multiplié par deux et 20% des jeunes ingénieurs sont issus de cette voie. Mais c’est la licence pro qui reste le titre le plus décerné via l’apprentissage avec 30% des diplômés, devant les BTS et DUT où il a été implanté en premier.
 
L’apprentissage est-il la voie royale vers l’intégration professionnelle ?
Les filières professionnelles ne sont pas épargnées par le chômage, même si leurs diplômés sont moins touchés que ceux passés par le système classique. Dire que l’apprentissage est le remède pour l’emploi est un raccourci dont il faut se garder. Même s’il faut bien reconnaître que pour une PME, intégrer un jeune ingénieur formé par alternance, c’est s’offrir des compétences qu’elle ne pourrait trouver ailleurs.
 
Les apprentis ont néanmoins un taux d’intégration professionnelle supérieur…
Le fort développement de l’apprentissage post-Bac a conduit à une plus grande sélection des élèves, particulièrement pour les diplômes de niveau Bac +2 et Bac +3. Par ailleurs, rechercher un employeur demande de savoir mobiliser des réseaux et d'être mobile. Tout ceci concourt à ce que les profils des apprentis soient différents de ceux des autres étudiants. En moyenne, ils proviennent de classes plus aisées, qui réussissent mieux scolairement. L’apprentissage n’est donc pas forcément une filière de démocratisation. Cette sélection peut en partie expliquer cette meilleure intégration dans l’emploi.
 
Il existe une forme d’injonction politique à développer fortement l’apprentissage dans l'enseignement supérieur. Qu’en pensez-vous ?
Cette injonction peut être dangereuse pour l’apprentissage lui-même. Cette filière, particulièrement dans l’enseignement supérieur, doit pouvoir conserver une plus-value, une vraie différenciation par rapport à la filière classique. On ne peut pas spécialiser tous les jeunes entrant sur le marché du travail, nous devons garder des profils transversaux. Attention à la compétition entre les diplômes.
 

Auteur

  • Manuel Jardinaud