S’ils sont toujours aussi intéressés par la formation, les actifs français s’estiment moins bien informés. Se former à l’intelligence artificielle pourrait relancer l’attrait pour les prestations du secteur.
Se former et se reconvertir présentent toujours autant d’intérêt pour les Français. Selon l’édition 2024 de l’étude annuelle « Les actifs français et la formation professionnelle »1, près d’un tiers des actifs (29 %) se sont lancés dans une démarche pour suivre une formation au cours des 12 prochains mois, soit un point de plus qu’en 2023. Réalisée par l’institut BVA People Consulting auprès d’un millier d’actifs en France pour VisiPlus Academy, un acteur de la formation continue à distance, cette étude révèle aussi que près de la moitié (47 %) des sondés a déjà envisagé ou réalisé une reconversion professionnelle.
En dépit de cet engouement, le sondage relève que le niveau d’information sur la formation continue a chuté de 9 points, avec seulement 44 % des actifs se disant bien informés. Comment l’expliquer ? Les auteurs de l’étude pointent la responsabilité des pouvoirs publics. L’étude estime qu’ils ont réduit les efforts de communication destinés à faire connaître les possibilités de formation après avoir, des années durant, valorisé le compte formation et les opportunités de formation générées par la crise sanitaire de Covid-19.
Le CPF plus connu
L’étude note que ce sont les populations qui auraient le plus de bénéfices à retirer des formations qui se déclarent les plus mal informées. C’est le cas pour les demandeurs d'emploi (27 %), les ouvriers et les personnes âgées de 35 à 49 ans. Pour autant, la notoriété du CPF de transition (ou projet de transition professionnelle, PTP) a progressé puisqu’il est connu de 37 % des sondés, soit une augmentation de 6 points par rapport à 2023.
Pour expliquer cette progression, l’étude met en avant le nombre croissant des actifs intéressés par une reconversion professionnelle, dont elle estime le nombre à 14 millions de personnes. Elle souligne aussi « une augmentation de l'aspiration à la reconversion en vue de préparer sa fin de carrière (+ 5 points) », qu’elle attribue à la réforme du système de retraites, qui a pour corollaire un allongement de la durée des cotisations.
Compte tenu de ces évolutions, le développement des compétences, même s’il reste la principale motivation pour se lancer dans une formation (29 % des répondants le citent en premier) enregistre un léger recul par rapport à l'année précédente, au profit de l’envie d’évoluer professionnellement, qui est citée par 15 % des sondés et enregistre une progression de 4 points d’une année sur l’autre. Pour expliquer cette évolution, l’étude met en avant la préoccupation croissante des Français quant à leur pouvoir d'achat.
L’IA suscite des sentiments mêlés
Une autre raison joue aussi un rôle majeur : le financement des formations. Les modifications successives mises en œuvre par les pouvoirs publics ont fini par détourner les potentiels candidats. L’étude estime que 48 % d’entre eux envisagent de décaler ou de remettre en cause leur projet de formation du fait de l’instauration d’un reste à charge de 100 euros sur les formations financées par le CPF. Cette moyenne cache des taux plus élevés chez les personnes qui ont déjà entamé des démarches pour se former (57 %) et celles qui ont commencé à se renseigner (65 %).
L’intelligence artificielle (IA) fait une entrée remarquée parmi les sujets de préoccupation des actifs. L’intérêt de cette technologie et de son usage varie en fonction de la catégorie socioprofessionnelle, de l’âge et du secteur. Si plus de la moitié des cadres (53 %) et plus d’un tiers des actifs de 25 à 34 ans (38 %) ont déjà entendu parler de l’IA au sein de leur entreprise, c’est le cas pour une minorité des 50-64 ans (20 %) et des ouvriers (11 %).
37% prêts à se former à l'IA
Que pensent-ils de l’IA ? Plus d’un tiers des actifs pensent qu’elle pourra rendre leur travail plus intéressant (35 %) et plus valorisant (28 %). Plus de 7 sur 10 (72 %) estiment que cette technologie permettra de gagner du temps, la moitié (49 %) qu’elle automatisera certaines tâches routinières et un tiers (35 %) qu’elle apportera plus de précision.
Sur le versant négatif, plus de 4 actifs sur 10 (45 %) craignent une réduction des interactions humaines, presque autant (42 %) le remplacement de certaines tâches et près d’un tiers (31 %) la disparition de leur emploi. Ce tableau contrasté n’empêche pas l’intérêt pour l’IA et ses possibilités. Plus d'un tiers des actifs (37 %) se déclarent intéressés par une formation sur ces technologies.
(1) Enquête BVA pour Visiplus Academy réalisée en juin 2024 : Les Français et la formation professionnelle : entre opportunités et appréhensions face à l’IA