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Les partenaires sociaux veulent mener la réforme jusqu’au bout.

Entreprise & Carrières | Formation Continue | publié le : 28.01.2016 | Laurent Gérard

Les partenaires sociaux ont défendu la réforme de la formation professionnelle, et plaidé pour sa poursuite, le 27 janvier en ouverture de l'université d'hiver du Centre Inffo, à Biarritz.

Menons la réforme à son terme, améliorons ce qui ne va pas, et évitons nous ainsi une nouvelle réforme en 2017 qui risquerait d'être bien plus déstabilisante que celle en cours. Telle est la teneur des propos adressés par les pilotes de la réforme (partenaires sociaux, parlementaires, DGEFP) aux acteurs de la formation professionnelle (entreprises, opca, organismes de formation...), le 27 janvier, lors de la séance d'ouverture de l'Université d'hiver de la formation professionnelle du Centre Inffo.  

« Plus personne ne dit que c'est une réformette, et plus personne n'affirme que c'est une catastrophe, assure Jean-Patrick Gille, député d'Indre et loire et rapporteur du texte de loi. Mais ca reste très tendu sur les financements et la tuyauterie, on manque de recul sur l'obligation de former, les listes CPF sont "un bazar", et le sujet de la qualité a été un peu bricolé, car l'Europe ne voulait pas entendre parler de profession règlementée. Il est évident qu'il faut renforcer le CPF avant d'en faire la pièce maitresse du futur CPA. Au début, les DRH étaient véhéments, ils sont encore un peu énervés par l'entretien professionnel, mais maintenant, ca va mieux », pense-t-il.

Ce qui reste à prouver. Une partie des réponses viendra des conclusions de la mission d'information parlementaire que Jean-Patrick Gille pilote avec un autre député, Gérard Cherpion, spécialiste de ces questions, et qui a commencé ses auditions le matin même de l'ouverture de l'université du Centre Inffo.

Contruire ou casser. « Ces deux années ont été très remplies, confirme Christian Janin, président du Copanef, et les objectifs sont en phase. Ainsi 169 CPNEF ont fait leur liste CPF et 94% des salariés sont désormais couverts par une offre CPF de branche. Cela dit je regrette la charge technique et émotionnelle énorme qui a pesé sur le CPF. N'oublions pas que 75% des fonds du nouveau 1% ne concernent pas le CPF ! Et je suis tombé des nues, quand j'ai entendu la Fédération de la formation professionnelle pointer que le CPF ne fonctionnait pas comme le DIF! Par ailleurs, je dis aux entreprises que l'enjeu n'est pas de chasser de la ressource mutualisée dans les Opca : la formation de leurs salariés dépend désormais de leur propre responsabilité et de leur propre financement. Continuons à construire et évitons de tout casser en 2017.»

Le même discours de nécessaire prise de responsabilité des entreprises est tenu par Stéphane Rémy, de la DGEFP. «Pourquoi les entreprises hésitent-elles ? Elles sont débarrassées de l'obligation légale et ont une marge de manoeuvre quasi totale ! Par ailleurs, l'autre grande vertu de cette réforme est que le CPF dépasse les questions de statuts en les décloissonnant, c'est fondamental ».

« Cette réforme est historique et systémique, confirme Pierre Burban, secrétaire général de l'UPA. Les craintes s'estompent, la mutualisation des fonds est renforcée pour les entreprises de moins de 10 salariés et le fonctionnement en silo cesse. Certes, il faut rendre plus lisibles les dispositifs et continuer de développer l'apprentissage. D'ailleurs, il vaut mieux être apprenti en France qu'apprenti en Allemagne où la formation est beaucoup plus basique ».

Face aux problèmes qui demeurent sur le financement, la lisibilité du CPF et le nécessaire dialogue social en entreprise sur la formation, certains ont avancé des pistes d'action.   

Dialogue social. Ainsi, Yvan Ricordeau, en charge des questions de formation à la confédération CFDT, reconnait que «l'entretien professionnel et le socle de compétences fondamentales CléA sont vraiment des "plus" nés ou affirmés dans cette réforme. Mais celle-ci appelle à faire de la formation, de l'emploi et du développement économique de l'entreprise, de véritables enjeux de dialogue social en local, en partant des besoins de terrain ».

La CGT n'a pas signé l'accord de 2013 lancant la réforme et ne le signerait pas aujourd'hui, car elle estime que l'obligation de former n'est matérialisée par rien et que la fin de l'obligation légale de financer le plan de formation à hauteur de 0,9% de la masse salariale va entrainer « une chute de financement de l'ordre de 3,5 milliards », selon Catherine Perret, en charge du dossier à la confédération. Cela dit, la CGT propose de simplifier la lecture des multiples listes CPF (nationale, régionales, de branches), en rendant éligible de suite, et pour tous, la liste nationale reposant sur le RNCP, quitte à le rénover un peu. Les autres listes CPF régionales et de branches ne seraient alors que complémentaires et dépendant d'abondement des conseils régionaux ou des partenaires sociaux de branche.

Sur le financement, le président du FPSPP, Pierre Possémé, chef d'entreprise dans le BTP, pointe une faiblesse de la réforme : le financement des efforts de formation des entreprises de taille intermédiaires, de 10 à 300 salariés. «L'obligation légale a disparu mais les banques ne suivent pas pour financer cet effort dans les PME. Il faudrait un système de cautionnement de ces dépenses de formation.» Selon lui, un échec de la réforme dans les entreprises de taille intermédiaire serait un des ferments d'une nouvelle refonte, ce qu'il ne souhaite pas.

Auteur

  • Laurent Gérard