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Les organismes doivent se réinventer pour survivre

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 25.01.2016 | Sabine ­Germain

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Fragilisés par la mise en œuvre très rapide de la réforme, les organismes de formation ne contestent pas sa philosophie. Mais doivent s’adapter à marche forcée.

L’année 2015 devrait se clore sur une chute de 3 % du chiffre d’affaires des organismes de formation. Fourni par l’Observatoire économique de la Fédération de la formation professionnelle (FFP), ce taux paraît plutôt rassurant. Il indique que la branche a tant bien que mal limité les dégâts. Sauf que la mise en œuvre de la réforme du 5 mars 2014 a été un véritable tsunami pour de nombreux organismes.

Certains ont enregistré des baisses de 15 à 20 % de leur activité, notamment ceux très orientés vers les formations comportementales et les langues, financées via l’ex-DIF. Ou ceux spécialisés dans les cursus interentreprises, « qui ont connu une forte baisse, de l’ordre de 10 à 15 % », estime Emmanuelle Pérès, déléguée générale de la FFP. « Nous sommes dans le camp de ceux qui ont beaucoup souffert », avoue Bernard Bruche, fondateur du cabinet éponyme, spécialisé dans le développement personnel. « Je vois régulièrement passer des courriers d’administrateurs judiciaires me proposant de reprendre une entreprise ou des personnels. Heureusement, nous avons accumulé suffisamment de trésorerie pour tenir », poursuit-il.

Tout le monde ne peut pas en dire autant. Selon un calcul effectué par l’institut Linguaid à partir des données mises en ligne par les greffes des tribunaux de commerce, 265 organismes de formation réalisant plus de 100 000 euros de chiffre d’affaires ont fait faillite dans les onze premiers mois de 2015. On en recensait 158 sur l’en­semble de 2014. Un bond de 65 % ! « La réforme a totalement bouleversé les circuits de financement, elle a été menée à la hussarde », commente Guillaume Huot, directeur marketing de Cegos. Malgré un léger tassement du chiffre d’affaires, celui-ci reste confiant. « Après cinq ans de crise, les perspectives à moyen terme sont positives », assure-t-il.

Cet optimisme d’une structure solide et implantée à l’international est partagé par Sophie Crespy, directrice de Cesi Entreprises : « Nous avons compris bien avant la loi qu’il fallait développer les certifications professionnelles. Nous avons donc pu anticiper. » Résultat : un chiffre d’affaires en « légère hausse ».

Inutile d’en déduire que le secteur devrait, une fois la loi digérée, retrouver son fonctionnement d’antan. « Au-delà de sa dimension conjoncturelle, la réforme révèle une véritable mutation du marché, longtemps protégé par l’obligation fiscale des entreprises », prévient le consultant Jean-Pierre Willems. Selon lui, les organismes doivent s’adapter à une nouvelle forme de régulation « dans laquelle les partenaires sociaux jouent un rôle majeur ». En misant sur les trois axes valorisés par la réforme : qualité, certification et digitalisation.

Auteur

  • Sabine ­Germain