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Les Opca interpros dans la tourmente

Liaisons Sociales Magazine | Formation Continue | publié le : 02.10.2015 | Manuel Jardinaud

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Opcalia et Agefos PME s’apprêtent à réduire leurs effectifs. En cause : une baisse de la collecte et le besoin d’adapter leur personnel aux nouvelles missions des Opca à la suite de la réforme de la formation professionnelle.

Comme un parfum de crise chez Opcalia. Son directeur général, Philippe Huguenin-Génie, a démissionné et doit quitter officiellement son poste le 9 octobre. Rompant avec le silence habituellement de mise au sein des organisations paritaires, l’Opca s’est fendu d’un communiqué indiquant une divergence de vue sur la manière de mener le plan de transformation dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle. Celle-ci réduit en effet les contributions obligatoires des entreprises.

Au moins 100 postes supprimés chez Opcalia

Ce que ne mentionne pas la communication officielle, c’est que ce redéploiement des ressources devrait conduire à au moins une centaine de suppressions de poste sur 750. « La fourchette haute pourrait atteindre 250 salariés », affirme-t-on en interne. Une vision très pessimiste. La perte de collecte due à la réforme pourrait atteindre 20% à 30% selon ce même observateur. « Et encore! Si à la fin de l’année, le constat est que les entreprises de plus de 300 salariés ne versent plus rien au titre du plan de formation, alors ce ne sera plus une charette mais un véritable wagon ! », prédit une source au sein de l’Opca.

Selon nos informations, l’ex-directeur général souhaitait d’abord mutualiser les locaux et certaines ressources entre le siège et la direction d’Ile-de-France, respectivement situés dans le 9e et le 8e arrondissement. Cette proposition ne semble pas avoir retenu l’aval du conseil d’administration. Contactés, plusieurs administrateurs n’ont pas répondu à nos sollicitations.

Perte de 10% de budget de fonctionnement

Dans une moindre mesure, Agefos PME entre également en turbulence. Vendredi 25 septembre, son directeur général, Joël Ruiz, s’est adressé par mail à l’ensemble des salariés pour les informer de la nécessaire mise en place d’un plan d’adaptation suite à la réforme de la formation professionnelle. A la clé, une contraction des effectifs. Cette décision avait reçu l’assentiment de l’ensemble du conseil d’administration trois jours auparavant.

Joël Ruiz confirme avoir invité, jeudi 1er octobre, les syndicats à négocier ces « mesures d’adaptation, et non de restructuration ». Il devrait les recevoir dans une dizaine de jours. Il affirme que, si les recettes globales vont augmenter en 2015, celles affectées au fonctionnement, elles, devraient diminuer d’environ 10%. « Je ne peux attendre la collecte de l’an prochain pour adapter notre organisation », plaide-t-il, sans communiquer sur le nombre de postes supprimés. Le directeur général affirme vouloir « éviter au maximum les départs contraints ».

Horizon incertain

« On parle d’une centaine de suppressions de postes, mais cela ne suffira certainement pas, il en faudrait au moins 200 », juge une source proche du conseil d’administration. Qui ajoute : « Mais il faut un certain courage pour annoncer un tel plan de départs ». Agefos PME emploie 1200 de collaborateurs. L'opca espère trouver rapidement la parade, en plus des mesures d’austérité.

Le conseil d’administration doit se prononcer fin octobre sur la mise en place de la « Garantie formation », un dispositif optionnel « payant » à destination des PME. Il pourrait générer jusqu’à 180 millions d’euros de recettes d’après une source au sein de l’Opca. Mais rien n’est gagné : « Je n’ai aucune certitude. Qui peut dire si les entreprises vont à nouveau consentir à un effort de formation l’an prochain ? », conclut Joël Ruiz.

L'ampleur des difficultés n'est pas identique chez Agefos PME et Opcalia, lequel est bien plus impacté par la baisse conséquente des contributions des grandes entreprises. Mais les deux Opca partagent une évolution voulue par la loi de mars 2014 : celle de leur métier. Passer de simple caisse de redistribution à un rôle de conseil et d'accompagnement. Les salariés qui sauveront leur emploi devront s'adapter. Un défi de plus.

Auteur

  • Manuel Jardinaud